C'est assez

Réponse à la lettre ouverte de Loro Parque

8 octobre 2020

Le 3 octobre dernier, Loro Parque, propriété de l’homme d’affaires allemand Wolfgang Kiesslin a réagit, dans une lettre ouverte, aux annonces faites par Madame Barbara Pompili,ministre française de la Transition écologique, sur la question des delphinariums en France. 

Photo : ©C’est assez ! 
Loro parque prétend qu’« il n’y a pas un seul expert en bien-être animal qui ait soutenu une interdiction de l’élevage de cétacés dans les zoos. Ce qui est faux. 

🐬Nombre d’experts, de spécialistes des cétacés et vétérinaires dénoncent cet enfermement car il ne répond en rien aux besoins physiques et psychologiques des cétacés. 

En octobre 2017, une concertation nationale a été menée en France auprès des vétérinaires praticiens et d’étudiants des quatre écoles vétérinaires françaises concernant l’utilisation des animaux sauvages à des fins de divertissement. Cette enquête posait 2 questions : « Êtes-vous favorable à l’interdiction des cétacés et autres espèces dans les delphinariums ? » « Et plus largement, êtes-vous favorable à l’interdiction des animaux sauvages dans les spectacles? » 

80% des vétérinaires interrogés désapprouvent l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques et delphinariums. 

Le résultat est donc sans appel ! 7% préfèrent ne pas se prononcer; l’explication laissée dans les commentaires est principalement une méconnaissance du sujet et donc une difficulté à se positionner. 13 % (seulement) cautionnent la présence d’animaux sauvages dans les cirques et delphinariums. 

« Empêcher les animaux de se reproduire limiterait leur comportement et les condamne à vivre dans de petits groupes sociaux instables pour le reste de leur vie. » 

🐬Le comportement des animaux n’est-il déjà pas altéré par leur détention en captivité ! Ne sont-ils pas déjà condamnés à vivre dans des groupes « familiaux artificiellement reconstitués » ? 

Morgan – Crédit Photo : ©Dolphin Project 

Selon Loro Parque, « il a été démontré que l’utilisation prolongée de contraceptifs entraîne des altérations des cycles menstruels des cétacés et peut entraîner des pathologies graves, des altérations hormonales et des problèmes de comportement…. » 

🐬Hors, les contraceptifs peuvent être utilisés dans les programmes d’élevage (EEP) pour maintenir les populations actives et assurer la diversité. 

Il existe différentes façons d’utiliser les contraceptifs. Ils peuvent aider à réguler le moment de l’oestrus pour préparer une femelle à s’accoupler lors d’un programme d’élevage. De plus, il existe à la fois des contraceptifs réversibles (qui sont préférés) et des options permanentes. (Source Dauphins libres) 

Et si on parlait insémination artificielle ! 

Répond-elle aux besoins naturels des cétacés? Non ! Pourtant, Moana, fils de Wikie, est né par insémination artificielle. Son père est Ulyses, une orque capturée à l’état sauvage, détenue à SeaWolrd San Diego. 

Les relations incestueuses répondent elles aux besoins naturels des cétacés ? 

Keijo, né en novembre 2013 est le fils de Wikie et de son demi-frère Valentin. Koanna, détenue à Loro Parque a été accouplée par 2 fois avec son oncle ! 

Dans la nature, l’inceste n’existe pas pour ces mammifères marins. Les orques mâles quittent momentanément leur famille pour se reproduire avec des femelles d’un autre clan familial avant de revenir vers leur mère. 

NOTE : En Europe, seule la reproduction des dauphins Tursiops est gérée l’EEP (Programme européen d’élevage pour les espèces menacées), alors que l’espèce n’est pas classée menacée sur la liste rouge IUCN. 

Les orques ne sont pas gérés par le programme EEP, et ne sont pas classées selon l’UICN dans une des catégories « menacées » (CR, EN, VU). Actuellement, Elles ont le statut « DD » pour «données insuffisantes ». 

La détention des cétacés n’est donc pas justifiée puisque, par exemple, l’élevage des dauphins Tursiops est un élevage conservatoire, et ne contribue en aucune façon à la conservation de cette espèce dans son habitat naturel. Qui plus est, il n’y a aucune réintroduction d’individus de ces 2 espèces détenus par les delphinariums dans la nature. 

« Obliger les delphinariums à cesser leur activité réduit l’espace disponible pour s’occuper des cétacés échoués, c’est-à-dire qu’ils ne pourraient pas survivre s’ils étaient renvoyés à la mer. » 

🐬Les sanctuaires qui seront créés pourront accueillir les cétacés échoués pour leur apporter les soins nécessaires afin qu’ils puissent être renvoyés à la mer, leur habitat naturel. Mais il est certain que du point de vue des delphinariums, un cétacé échoué est une bonne aubaine pour récupérer sans frais un animal que l’on pourra enfermer à vie dans des bassin. 
N’est-ce pas déjà le cas pour l’orque Morgan détenue à Loro Parque. 
Autre argument de Loro Parque : « Lorsque les delphinariums cesseront leur activité, une ressource pédagogique extraordinaire sera perdue pour attirer l’attention sur les problèmes que subissent les cétacés dans la nature, comme la pollution chimique, la pollution sonore, les collisions avec des navires ou les prises de pêche accidentelles. » 

🐬Les cétacés détenus en captivité meurent prématurément, et ce malgré « des soins vétérinaires de premier ordre » dans un environnement « sécurisé », sans pollution (on ne parlera pas du chlore dans les bassins), sans bateaux, mais avec des nuisances sonores (bruit causé par les visiteurs, musique assourdissante….) 

Maladies, fausses couches, décès prématurés, accidents…ont contribué à montrer que ces cirques aquatiques sont des lieux de souffrances, tant physiques que morales, pour les cétacés captifs. 

« Sans les delphinariums, une ressource scientifique de premier ordre est perdue, où les scientifiques peuvent faire des recherches sur des questions essentielles sur la physiologie et l’intelligence des cétacés, ainsi que sur les effets négatifs que les substances avec lesquelles nous contaminons la mer peuvent avoir sur eux. Des questions fondamentales telles que l’écholocation ou la communication des cétacés ont été découvertes grâce aux animaux élevés dans les delphinariums. Lorsqu’elles disparaîtront, d’énormes opportunités de recherche scientifique disparaîtront avec elles. » 

🐬Encore fois, tout cela est faux. 

Exemple, des études sur les dauphins libres ont été faites prouvant que les dauphins où les orques ont bel et bien un langage qui se rapproche de celui des humains, et qu’il est différent selon la population dont-ils proviennent. 

Sifflements, grincements, cliquetis, grognements… On a pu dénombrer chez les dauphins plus de 400 signaux différents faisant office de langage. 

Concernant les orques, on peut évoquer le travail d’Orcalab dont la mission est d’étudier les cétacés de la manière la moins intrusive possible. À l’aide d’un réseau d’hydrophones et de caméras. Le Dr Paul Spong et son équipe de chercheurs enregistrent les va-et-vient des familles d’orques, et les écoutent à distance. 
Il a mis en évidence que chaque orque fait partie d’un groupe qui utilise des sons spécifiques permettant de les identifier. 

D’autres recherches sur les orques libres ont démontré que celles-ci utilisaient toute une gamme de sons complexes (clics, sifflements, gémissements perçants) pour localiser leurs proies et communiquer entre elles. L’appel d’une orque peut rayonner sur 15 km, atteindre la terre et revenir à l’orque pour lui permettre de s’orienter le long de la côte. Une famille aura un code bien distinct, composé d’appels particuliers qu’elles utilisent entre elles et ces chants évoluent et se modifient au cours du temps. 

La chercheuse, écrivaine et activiste pour la justice environnementale Alexandra Morton a étudié les orques de Colombie Britannique et répertorié 62 codes (ou langages) distincts. 62 codes différents ! 

Concernant les effets négatifs des polluants sur les cétacés. En septembre 2018, une étude publiée dans la revue Science, mettait en évidence les dangers liés aux PCB et autres produits chimiques sur les orques

Quand à l’intelligence des cétacés, elle n’est plus à prouver. Les cétacés sont des peuples de culture, une culture qu’ils se transmettent de génération en génération (utilisation d’outils, transmission des techniques de chasse, langage…). Une autre preuve de l’intelligence des cétacés est la communication. Grâce aux sons qu’ils émettent, ils communiquent entre eux.

De nombreux scientifiques comme Lori Marino ou le Dr Naomi Rose nous confirment que ces animaux sont intelligents et qu’ils tissent des liens sociaux très complexes.

« Lorsque l’on examine la taille relative du cerveau, le degré de conscience de soi ou la sociabilité, on constate que les cétacés correspondent à la définition philosophique de ce qu’est une personne ? » – Hal Whitehead, qui étudie les cachalots à l’Université Dalhousie (Halifax).

« Tenter de déplacer tous les dauphins et orques de France vers des sanctuaires marins est un fantasme. Il n’existe actuellement aucun sanctuaire marin pour les dauphins ou les orques. » 

🐬Mais des sanctuaires seront créés 2 existent déjà, à Bali pour les dauphins, et en Islande pour les bélugas). Et d’autres sont en préparation (Nouvelle-Ecosse, Italie, Grèce). 

« Il est fort probable les cétacés de France resteront sur place ou devront être déplacés vers un autre delphinarium hors d’Europe. Le succès de l’élevage dans les delphinariums européens a fait qu’il n’y a plus d’espace disponible et que les surplus ont dû être déplacés à l’extérieur en raison de décisions politiques extravagantes telles que celles prises par la France. » 

🐬Ignoble chantage de Loro Parque qui menace de transférer les cétacés vers des delphinariums hors Europe ! 

Il semblerait que Loro Parque préférerait voir les cétacés souffrir dans les bassins en Chine, dont on sait qu’ils ne font aucun cas du bien-être animal, plutôt que de travailler avec les associations en vue de créer des sanctuaires pour les dauphins et les orques captifs pour offrir à ces animaux une retraite et vie décente plus proches de leurs besoins naturels. 
NOTE : Depuis 1961, au moins 166 orques ont été capturées dans la nature. 129 de ces orques sont aujourd’hui décédées. L’une des captures les plus tristement célèbres a eu lieu en 1970. 
Plus de 80 orques de la population des orques résidentes du Sud ont été rassemblées à Penn Cove, dans l’Etat de Washington. 7 d’entre elles ont été capturées. 
Parmi elles, Lolita est la seule toujours en vie, détenue au Miami Seaquarium, et Clovis qui fut capturé à l’âgé de 2 ans et envoyé au Marineland d’Antibes. 
Hors, le bien-être animal, c’est aussi et surtout la possibilité de laisser aux cétacés la possibilité d’exprimer des comportements normaux qui sont propres à leur espèce, ce qui est impossible dans un bassin !




 

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