C'est assez

Bientôt le retour de la chasse commerciale au phoque au Québec ?

janvier 20, 2024

Dans le golfe du Saint-Laurent, certains aimeraient reprendre la chasse commerciale au phoque,
constatant que les populations de phoques se portent bien.

C’est l’objet du documentaire Du phoque au menu. Son réalisateur, Guillaume Lévesque a eu l’idée de faire ce documentaire alors qu’il mangeait un « Bardot Burger » dans un restaurant du Bas-Saint-Laurent.

Après avoir réitéré son expérience culinaire, il a eu réflexion suivante : « s’il y a tant de phoques au Québec, pourquoi est-ce qu’on n’en mangerait pas plus ? »

Diffusé sur la télévision publique, le documentaire a relancé le débat de la consommation de phoque. Le phoque du Groenland (7.6 millions d’individus) et le phoque gris (365 000 individus dans l’est du Canada) se portent bien en raison de l’effondrement de la chasse commerciale et de l’embargo européen en 2010 sur les produits dérivés du phoque.

Toutefois, l’écologiste québécois Jacques Gélineau, farouche opposant à la chasse, indique qu’il n’y aurait qu’environ 45000 phoque gris dans le golfe du Saint-
Laurent, « ce n’est pas le boom démographique que certains se plaisent à évoquer! » 
Les partisans de la chasse au phoque avancent comme argument le déclin d’espèces de poissons.

 

 

Phoque du Groenland – Sylvain Duprat

 

Or, le Ministère canadien des Pêches et Océans affirme que le phoque du Groenland n’est pas responsable de la baisse de stock de poissons, en particulier la morue. Le véritable ennemi de la morue est l’homme, affirme Jacques Gélineau. « Il n’y a aucun contrôle, ce prélèvement est à mon avis plus important que celui des phoques. Ça pêche partout ! Avant d’accuser les phoques de tous les maux, on devrait commencer par contrôler le prélèvement humain. »

Au contraire, les phoques seraient peut-être même le meilleur allié de la morue. En changeant leur régime alimentaire dû à la raréfaction des poissons de fonds, les phoques gris pourraient aider au retour de la morue puisqu’ils prélèvent des poissons-fourrage qui consomment des larves de morues dans le plancton, estime Jacques Gélineau, renversant un mythe tenace.

 

Jacques Gélineau

 

« Il est important de préserver les grands prédateurs de la pyramide d’énergie et les phoques gris en font partie », indique-t-il. Toutefois, l’organisme Exploramer a déjà commencé à offrir des formations sur la chasse au phoque en Gaspésie.

Le processus d’abattage se fait en trois étapes effrayantes :

  • La frappe : Le chasseur doit abattre l’animal par balle ou en l’assommant sur le dessus du crâne.
  • La vérification : Après l’abattage, le chasseur doit palper les deux côtés du crâne pour vérifier qu’il est bien fracassé. Cette technique lui permet de s’assurer que le phoque est irréversiblement inconscient ou qu’il est mort.
  • La saignée : Avant d’enlever la peau du phoque, le chasseur doit saigner l’animal durant au moins une minute en sectionnant les deux artères axillaires situées en dessous des nageoires avant. La saignée garantit la mort du phoque.

Le gouvernement du Québec semble montrer de l’ouverture puisqu’il a publié en fin d’année 2023 un « projet de désignation » qui permettra de délimiter une zone le long du littoral de l’île Brion, située au nord-est des Îles-de-la-Madeleine, où la chasse au phoque gris sera permise.

Cette île, qui est une réserve écologique, voit passer chaque année plus de 10 000 phoques gris. Leur présence attire même des requins blancs dans le secteur, signe d’une biodiversité foisonnante.

Dans un contexte de réchauffement climatique avec l’absence récurrent de couvert de glace en hiver, indispensable pour le cycle de reproduction des phoques du Groenland, la chasse viendrait ajouter une menace supplémentaire sur la résilience de cette espèce. Jacques Gélineau explique : « Je fais de l’observation en mer, pas juste sur les mammifères marins, mais de tout ce que je vois depuis 1997 dans la région de Sept-Îles, Mingan, Port-Cartier.

Et ce qu’on observe, c’est que le phoque du Groenland a de plus en plus de difficulté à entrer dans le golfe pour mettre bas au printemps parce que le couvert de
glace n’est pas là. L’avenir du phoque moyen et long terme n’est pas garanti et dans ce contexte, relancer une pêche qui date du 18e siècle, ce n’est pas une bonne idée. »

Phoque gris – Sylvain Duprat

 

Sources : Le Devoir / Le Nord-Côtier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *