C'est assez

Mammifères marins en captivité : Maladies et soins vétérinaires

 5 décembre 2020

Les cétacés en captivité se voient régulièrement administrer des vitamines et autres minéraux injectés directement dans leur ration de poissons. 

Médicaments insérés dans un poisson décongelé – Crédit photo : Inconnu

C’est un indicateur parfait pour démontrer que leur régime à base de poisson congelé n’est pas suffisant et que la qualité nutritive est bien plus basse qu’avec des poissons vivants. Le manque de stimulation par la chasse de poissons vivants et de variété dans les proies contribue à déclencher des problèmes de santé et de comportement.

Les delphinariums administrent régulièrement des antibiotiques, des antifongiques ainsi que des antiulcéreux. De la benzodiazépine, comme le Valium, peut aussi être administré pour calmer les individus durant les phases de manipulation, de transport et de transfert dans de nouveaux bassins où ils doivent s’acclimater à leur nouveau groupe et à leur nouvel environnement.

Aux États-Unis, la cause la plus commune de décès en captivité est la pneumonie qui peut survenir suite à un stress intense et/ou lorsque le système immunitaire de l’individu est faible. De plus, l’usage excessif d’antibiotiques peut augmenter la résistance bactériologique, rendant plus difficile le traitement des infections, ce qui alarme les corps vétérinaires et médicaux.

Les cétacés sont difficilement diagnosticables. En effet, le manque d’expressions faciales et de langage corporel (tremblements, grelottements) ne permet pas de bien cerner une éventuelle maladie. Souvent, le personnel des delphinariums se rend compte que les cétacés sont malades car ils manquent d’appétit. A ce moment-là, il est souvent trop tard pour effectuer un traitement quelconque. 

Concernant les soins vétérinaires, les techniques pour les cétacés sont encore en développement, contrairement à celles dédiées aux mammifères terrestres qui sont mieux connus. Par exemple, il est possible d’anesthésier un cétacé mais c’est risqué et cela nécessite une plus grande expertise et des équipements spécialisés pour réussir ce genre d’opération.

De plus, il existe des maladies qui impactent les animaux marins plus fréquemment et de manière plus intense que leurs congénères en liberté. Dans le cas des dauphins Tursiops, l’hémochromatose, une maladie résultant d’un excès de fer dans l’organisme, est plus fréquemment transmise en captivité qu’en liberté, possiblement à cause de facteurs associés à leur régime ou aux activités que les delphinariums les obligent à faire. 

Les calculs rénaux sont aussi plus fréquents en captivité. Les problèmes de type Tattoo-Lesions” (taches sur la peau) sont aussi plus fréquents en captivité. Dans la nature, ces lésions indiquent une santé fragile et un système immunitaire défaillant.

Crédit photo : Seaworld of hurt

Plusieurs cas d’agressions entre dauphins ont été rapportés en captivité. Au moins 2 d’entre eux sont connus pour avoir débouché sur des infections mortelles. Ce type d’agression a aussi été observé chez les orques captives et cela est souvent dû aux structures étroites et artificielles qui empêchent les individus de fuir comme ils le feraient dans l’océan. 

Autre fait préoccupant, les cétacés captifs souffrent ou même meurent de blessures qu’ils s’infligent. 

Au moins 2 orques sont mortes des suites de maladies dues à des piqûres de moustique. Dans la nature, les cétacés sont toujours en mouvement et passent le plus clair de leur temps sous la surface. Les moustiques sont donc rarement un vecteur de maladie. 

Au contraire, la plupart des cétacés captifs, et particulièrement les orques, se laisse flotter comme des rondins de bois à la surface de l’eau (en anglais “logging”), ce qui augmente le risque de piqûres et donc de transmission de pathogènes par les moustiques.

Kiska – Crédit photo : Julie Labille 

La plupart des bassins sont souvent peints en blanc ou bleu clair afin d’augmenter la visibilité des cétacés pour les visiteurs. Ces mêmes bassins sont souvent très peu ombragés et la lumière se reflète beaucoup plus sur la peau des cétacés que dans la nature où il y a rarement des reflets. 

Ainsi, les mammifères marins sont exposés à des niveaux de rayons UV élevés. En plus de cela, la plupart des cétacés sont nourris par les soigneurs sur un côté de leur bassin où ils doivent lever la tête vers le haut, donc vers le soleil, pour recevoir leur nourriture. Cette posture est uniquement associée à la captivité et entraîne des lésions oculaires, des infections et des cataractes précoces.

Crédit photo : ©Cammic

Deux dauphins captifs en Italie ont contracté le Staphylococcus aureus, bactérie qui résiste à la méticilline (SARM, la méticilline est un antibiotique) et sont décédés des suites d’une septicémie. Ce genre de staphylocoque est potentiellement transmissible à l’homme et vice-versa.

Un autre problème unique aux mammifères marins captifs est la fréquence à laquelle ils souffrent de problèmes dentaires. Les cétacés et les pinnipèdes perdent ou cassent souvent leurs dents : ils rongent les bassins en béton ou les barrières en métal, c’est typiquement un comportement stéréotypé d’automutilation.

À cause de leur taille, leur intelligence et leur complexité sociale, les orques captives peuvent plus facilement s’ennuyer et être frustrées. De ce fait, leurs problèmes dentaires sont souvent plus graves et plus marqués que chez les autres espèces. Les orques s’abîment les dents si gravement que la pulpe dentaire et les nerfs sont exposés. Les vétérinaires doivent forer la dent abîmée jusqu’à retirer tous les tissus organiques qui peuvent être sujets aux infections. En milieu aquatique, il n’est pas possible de soigner avec des plombages. Il est donc important de nettoyer régulièrement les trous causés par le forage car des débris de nourriture et des bactéries se coincent régulièrement dedans. Dans la nature, une orque peut s’endommager les dents, cela dépend du type de proie ou de la méthode employée pour se nourrir. Ces problèmes dentaires sont toutefois rarement observés dans la nature et se produisent au cours d’une vie contre quelques années en captivité. 

Kiska – Crédit photo : Inconnu

La nourriture est rarement en contact avec les dents puisque les soigneurs ‘’jettent’’ directement le poisson dans la bouche ouverte des orques captifs. Avec cette méthode, on s’attendrait à très peu d’usure dentaire comme chez les orques résidentes du Pacifique nord est qui mangent principalement du saumon mais ce n’est pas le cas. Les déclarations de l’industrie de la captivité expliquant que ces dommages dentaires sont normaux et que cela est dû à des manipulations d’objets dans leur bassin est fausse. Le degré de dommages aux dents observé en captivité n’est pas normal et contribue à réduire l’espérance de vie des orques captives. 

Traduction : Sylvain Duprat & Julie labille pour C’est assez ! 

Source : Marine mammals in captivity – Animal Welfare Institute

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