Par Christine Grandjean, Présidente de l’association C’est Assez ! – 15 avril 2020
Et si notre situation actuelle était une des conséquences de notre façon de traiter les animaux sauvages et domestiques ?
Et si notre situation actuelle était une des conséquences de notre façon de traiter les animaux sauvages et domestiques ?
Quatre semaines de confinement et déjà certaines personnes commencent à s’impatienter et à contourner les règles édictées.
Bien évidemment, il serait indécent de mettre tous les confinés sur le même plan car pour certains la situation peut rapidement devenir tragique voire même les conduire à une mort sociale et, ou physique.
Pour les personnes en situation précaire déjà désocialisées, les personnes seules, handicapées ou âgées, nos aînés dans les EHPAD, pour toutes ces personnes le confinement peut être vécu comme une souffrance supplémentaire.
Pour la majorité d’entre nous, peut-on réellement parler de confinement lorsque nous pouvons, munis d’un simple papier faire nos courses, aller au bureau de tabac, faire notre jogging, promener notre animal de compagnie et même pour certains partir en vacances sans vergogne, comme nous l’ont montré les embouteillages aux portes des grandes villes.
Certes, ce confinement génère une restriction de nos libertés d’aller et venir, de retrouver nos proches, nos amis et oui, certains se plaignent de cet état de fait.
Terminées les sorties au restaurant, au café, au concert, au théâtre…nous sommes tellement habitués à ces loisirs que nous en oublions à quel point nous sommes privilégiés de pouvoir goûter à tous ces plaisirs.
Le confinement nous inquiète car intuitivement, nous subodorons que les problèmes économiques qui vont en découler risquent d’être violents et de mettre à mal nos certitudes et notre mode de vie et de consommation…
Pourquoi ne pas saisir l’opportunité de cette situation qui nous est imposée pour réfléchir au sens de la vie, à nos valeurs, à ce qui est essentiel pour nous ?
Cette privation de liberté ne pourrait-elle pas nous interpeller sur le confinement que nous, humains imposons à vie à des milliards d’animaux pour nos besoins divers et variés.
Si pour la majorité d’entre nous, le confinement n’entraîne aucune souffrance, il n’en va pas de même pour les animaux.
Pour des millions d’entre eux, le terme de confinement est bien trop doux et il serait plus exact de parler de contention avec pour corollaires de très nombreuses douleurs physiques et de grandes souffrances psychiques.
Pour ces milliards d’individus, la fin du confinement signera la mise à mort souvent atroce si le décès lié au stress et à la maltraitance quotidienne n’est pas survenu avant…
Petit inventaire non exhaustif de tous ces confinements que nous imposons aux animaux…
Lorsque nous employons le mot contention, les premières images qui nous viennent à l’esprit sont celles de ces malheureux ours asiatiques emprisonnés dans des cages aussi petites qu’eux, avec un tube inséré en permanence dans leur vésicule biliaire.
Nous viennent aussi les images de ces truies incarcérées dans des cages métalliques, ne pouvant même pas se retourner…Puis nous viennent aussi celles d’animaux de laboratoires, prisonniers de carcans et obligés d’inhaler des produits toxiques ou de subir d’autres expériences terribles…
Pour notre alimentation, des milliards d’individus sont ainsi confinés dans une promiscuité telle, que souvent ils se blessent entre eux…Poules en batterie, élevage de lapins, de poulets de cochons de veaux, poissons… concentration de vaches laitières …
Quant aux animaux élevés pour leur fourrure, ils ne sont guère mieux lotis et pour eux aussi la fin du confinement signifiera une mise à mort atroce.
En ce qui concerne les animaux utilisés pour notre divertissement, leurs conditions de détention ne sont rien d’autre qu’un confinement à vie.
Les animaux de cirques passent la majeure partie de leur vie dans des cages roulantes, ce qui les amène à développer de graves stéréotypies et à vivre dans un stress quasi permanent.
Dans les bassins, orques, dauphins, otaries…tournent inlassablement en rond, sans but, se laissent flotter en surface et meurent souvent prématurément de désespoir, ou d’infections liées à la baisse de leurs défenses immunitaires due au stress.
Dans les zoos, les animaux sont confinés sans autre choix que de subir l’ennui, la présence de congénères qu’ils n’ont pas choisis, les séparations et les transports vers d’autres parcs pour les besoins des collections.
La liste est bien longue encore mais je terminerai avec certains d’entre nous qui parce qu’ils aiment les animaux les enferment dans des cages, des vivariums, des aquariums…
Si ces pandémies n’étaient pas aussi tragiques, nous pourrions y trouver une certaine ironie car oui, notre confinement est directement lié à celui que nous infligeons aux animaux d’élevage et à la destruction massive des espèces sauvages et de leur biotope car nous savons actuellement que toutes les pandémies se sont transmises à l’homme par l’intermédiaire des animaux (Peste, grippe espagnole, grippe H1N1, Ebola, VIH, Coronavirus…)
Ainsi, peut-être le moment est-il venu pour nous de faire ce parallèle entre notre confinement et celui des animaux ?
Bien sûr, nous trouvons cette période qui nous prive de liberté pénible, mais quid pour les milliards d’animaux qui souffrent au quotidien et pour qui la seule fin de cet emprisonnement sera la mort ?
En y réfléchissant bien notre situation actuelle (hormis pour les personnes citées en préambule de ce texte) reste tout à fait supportable, car comme je l’ai rappelé au début, ce confinement :
- n’est pas strict.
- à la différence des animaux, nous pouvons comprendre pourquoi nous en sommes là et nous savons que ces restrictions sont temporaires.
- nous pouvons, pour la plupart continuer d’entretenir nos liens sociaux, familiaux, professionnels via internet.
- nous pouvons échanger avec nos proches via WhatsApp, le téléphone, Skype ou Messenger
Et nous pouvons également écouter de la musique, en faire, lire, regarder des films ou des séries, dessiner, peindre, cultiver tout ce qui fait du bien à l’âme, méditer, faire de la gym…
Voilà, peut-être pourrions-nous profiter de ce moment un peu particulier pour rêver et inventer un monde plus bienveillant, un nouveau mode de vie et de consommation, un autre rapport avec le vivant quel qu’il soit ???
Essayons de faire de l’après pandémie, une ère nouvelle !
Gardez courage et prenez bien soin de vous !