C'est assez

Halyn et Victoria: Nées et Mortes en Captivité

Les histoires de Halyn et Vicky sont similaires. Elles montrent à quel point la reproduction en bassin est artificielle et mettent en lumière les problèmes inhérents à la captivité des orques.

Le cas d’Halyn

Rejetée par sa mère, Halyn fut nourrie au biberon par les soigneurs de SeaWorld.
Halyn naît le 9 octobre 2005 au SeaWorld de San Antonio, au Texas. Halyn fait partie de la troisième génération d’orques captives de SeaWorld: son père Keet était le premier mâle à naître en captivité. Quant à sa mère, Kayla, elle fut la première orque née dans les bassins de SeaWorld San Antonio. C’est là que Kayla et Keet se rencontrent. 
Dans la nature, devenir mère s’apprend pour les orques, elles ont pour modèles leurs propres mères, leurs tantes, des femelles plus âgées… Mais Kayla n’a pas cette chance: elle a été séparée de sa mère Kenau bien trop tôt, à l’âge de 2 ans, et aucune orque expérimentée qui puisse l’aider. 
Lorsque Halyn naît, Kayla la rejette immédiatement. Se montrant agressive envers Halyn, mère et fille sont séparées. Halyn est nourrie au biberon toutes les deux heures par l’équipe de SeaWorld, et elle est surveillée de près. Elle n’est pas visible du public et n’a aucun contact avec les autres orques.
Au bout de trois mois, elle rejoint l’un des bassins de l’orca stadium mais reste séparée des autres: elle ne peut avoir de contacts avec eux qu’à travers les barreaux métalliques d’un portail. 
C’est en 2007 qu’ elle rencontre les autres orques, parmi lesquelles son père Keet. Elle ne rencontrera jamais sa mère, transférée entre temps au SeaWorld d’Orlando. Keet et elle tissent des liens forts et passent beaucoup de temps ensemble.
Halyn et son père Keet se rencontrent en 2007. Ils tissent rapidement des liens.
A cette époque, les dresseurs commencent à entraîner Halyn. La petite orque grandit bien et se montre joueuse et vive. Mais en 2008, son comportement change subitement et de manière inattendue. A la surprise générale, elle meurt d’une encéphalite aiguë le 15 juin 2008, alors qu’elle n’a que 2 ans et demi. 
Halyn était ce que l’on appelle une orque « hybride », c’est-à-dire que ses parents sont d’écotypes différents. On distingue 9 types d’orques, répartis dans 3 océans.
Dans la nature, ces types d’orques peuvent parfois se croiser mais ne se reproduisent pas entre eux. Les scientifiques estiment d’après les analyses génétiques effectuées qu’il n’y a pas eu de reproduction entre ces types depuis au moins 10 000 ans. L’orque hybride est donc une création purement humaine, qui n’existe pas dans la nature. Avec 62.5% de gènes d’orques de l’Atlantique Nord, 25% des Résidentes du Nord et des 12.5 % des Résidentes du Sud, Halyn est un triste exemple de cette reproduction contre-nature. 
Le cas de Victoria (Vicky)


Victoria naît le 3 août 2012 à Loro Parque, sur l’île de Ténérife (dans les Canaries, Espagne). Sa mère Kohana est née en 2002 au parc SeaWorld de San Diego par insémination artificielle: sa mère est Takara et son géniteur est Tilikum, qui vit alors au SeaWorld d’Orlando.
Kohana et Takara sont transférées à Orlando en 2004, mais sont séparées lorsque SeaWorld décide de « prêter » plusieurs orques à Loro Parque pour la reproduction, parmi lesquelles Kohana et sa soeur Skyla. 

SeaWorld envoie aussi sur l’île canarienne deux mâles, Keto et Tekoa, en provenance de San Antonio. Tous arrivent en 2006 à Loro Parque. Kohana n’a alors que 4 ans,  et pourtant elle est la plus « vieille » femelle de ce nouveau groupe… Elle est présentée à Keto, qui est le demi-frère de sa mère Takara. Ils s’accouplent, et à la grande satisfaction de Loro Parque et de SeaWorld, Kohana donne naissance à Adan en 2010. C’est un évènement, puisqu’Adan est le premier épaulard né en captivité en Espagne. Bien sûr on tait volontairement le fait qu’Adan ait un coefficient de consanguinité de 6.5%…

Keto et Kohana à Loro Parque. Keto est le demi-oncle de Kohana. Leurs petits, Adan et Victoria, sont donc consanguins à 6.5%

Tout comme Kayla, Kohana est inexpérimentée et ne montre aucun intérêt pour le petit, qui devra être nourri au biberon par les dresseurs de Loro Parque. Il en va de même lorsqu’elle donne naissance à Victoria en 2012: trop jeune pour être la femelle dominante, séparée trop tôt de sa mère, Kohana ne sait absolument pas comment être mère. Dans la nature, les femelles les plus âgées sont là pour éduquer, montrer, transmettre une culture aux plus jeunes. Pour ce qui est de la maternité, les aînées montrent aux jeunes femelles comment s’occuper de leurs petits.

Vidéo de Loro Parque sur la naissance de Vicky:

Victoria fut donc séparée de sa mère et élevée par le personnel de Loro Parque. Son frère Adan et elle furent placés ensemble dans le bassin médical, et n’eurent que peu de contacts avec les autres orques. Victoria a passé la majorité de sa vie avec ses soigneurs. Elle est morte à l’âge de 10 mois, le 16 juin 2013. Un changement dans son comportement avait été observé les jours précédant sa mort. Loro Parque annonça plus tard qu’elle était décédée des suites de complications intestinales.

Aujourd’hui, Adan et Kohana sont réunis, et vivent toujours à Loro Parque avec Keto, Skyla, et Tekoa, ainsi qu’avec Morgan qui a rejoint le groupe en Novembre 2011.

Conclusions

La reproduction des orques en bassin est artificielle à tous points de vue. SeaWorld et d’autres parcs n’ont pas hésité à jouer aux « apprentis sorciers »: hybridations, consanguinité, et inséminations n’ont rien de naturel. Les comportements de Kayla et Kohana qui ont toutes deux rejeté leurs petits ne le sont pas davantage: les orques libres n’abandonnent pas leurs petits et sont soutenues par les femelles plus expérimentées du groupe auquel elles appartiennent.

Le but de ce programme d’élevage -auquel SeaWorld a récemment déclaré renoncer- n’a jamais été la conservation des espèces. Leur seule motivation a toujours été de renouveler un « cheptel » d’orques captives pour assurer leur avenir et faire rentrer de l’argent dans les caisses.

Il en va de même pour tous les parcs qui détiennent des cétacés en captivité. La reproduction n’est en rien un gage de bien-être dans ce cas précis: elle est simplement un moyen de « noyer le poisson » auprès d’un public mal informé.

Sources principales:

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