C'est assez

Pourquoi les orques ont l’aileron qui s‘affaisse ?

Les orques mâles détenus dans les parcs marins ont la nageoire dorsale qui retombe. 

Keiko – ©Thought Co
C’est un phénomène qui se produit aussi chez certaines orques femelles captives. 

Pourquoi ?
Chez les orques mâles, la nageoire dorsale peut atteindre près de 2 mètres, alors que chez les jeunes orques, mâles ou femelles et chez les femelles adultes, la nageoire dorsale est plus courte (moins de 1 m) et légèrement recourbée (falciforme). 

©The Lost Cetacean
Elle peut parfois être incurvée vers l’avant chez les vieux orques mâles.

La nageoire dorsale est faite de tissus conjonctifs fibreux contenant entre autres, du collagène. Il n’y ni formation cartilagineuse ou osseuse, ni muscles qui entrent dans la structure de cette nageoire.

Coupe transversale d’une nageoire dorsale d’orque montrant le tissu conjonctif
Elle est flexible et sa forme serait « maniée » par l’environnement.

Avec le globicéphale, c’est l’une des seules espèces de dauphins à montrer un dimorphisme sexuel important.

L’aileron dorsal de l’orque peut remplir plusieurs fonctions : 
  • Certains spécialistes pensent qu’il sert de « climatiseur ». Durant les activités d’une grande intensité physique, comme la chasse, il aiderait à éliminer l’excès de chaleur.
       Il remplirait donc la même fonction que les oreilles des éléphants. 
  • Il améliore l’hydrodynamisme de l’orque et leur permet donc de nager plus vite, permettant à l’animal d’atteindre une grande vitesse lorsqu’il chasse leur proie. 
       La vitesse de pointe de l’orque peut atteindre facilement les 65 km/h. 

  • Il leur sert de « quille ». 

L’aileron dorsal sert à la limitation du roulis involontaire dû aux turbulences,  il  aide à la stabilisation générale.

L’orque n’ayant aucune possibilité de contrôle de mouvement sur cet organe  (puisqu’il n’y a pas de muscles), l’aileron a donc une fonction de dérive très  efficace pour garder sa stabilité à haute vitesse lors des changements de  direction. Il réduit l’effort que l’animal doit produire puisqu’il accentue les  changements de direction.

Quelles sont les raisons de l’effondrement de la nageoire dorsale ?

En ce qui concerne la cause de ce phénomène, plusieurs théories ont été avancées.

En étant honnête, il n’y a actuellement aucune étude qui prouve à 100% la relation entre la captivité et le fait que les orques ont l’aileron qui tombe. Mais ce qui est une certitude, c’est que cette caractéristique s’observe chez tous les orques mâles, mais également chez de nombreuses femelles détenues en captivité. 

Kayla  (SeaWorld Orlando) – ©Abi Skipp
Un phénomène que l’on n’observe quasiment pas chez les orques libres.
Dans la nature, seules 1% des orques libres ont leur nageoire dorsale courbée contre 80% en captivité.

Dans le détail, les seuls cas qui ont été observés l’ont été dans les eaux néo-zélandaises où 23% des mâles d’une population ont des formes de nageoire dorsale « étranges ». 

Elles peuvent être complètement courbées, ou parfois branlantes ou ondulées sur la bordure.


Cependant, dans ces cas d’ailerons affaissés chez ces mâles, cela a été expliqué par des altercations avec d’autres orques mâles pour notamment être le mâle dominant, une caractéristique toujours accompagnée de cicatrices au niveau de l’échine des mâles.

On a également pu observer cet effondrement de la caudale chez 4,7% des orques de Colombie Britannique. 

Dans cette région, au moins deux orques sauvages ont la nageoire courbée. Dans l’un des cas, la nageoire est restée droite durant presque toute la poussée de croissance, pour commencer à courber seulement vers la fin. La génétique pourrait donc aussi influencer ce phénomène. 

D’autres épaulards de Colombie-Britannique ont une nageoire à la forme « bizarre » parce que celle-ci a continué à croître après avoir subi une blessure par balle (Autrefois, les orques étaient chassées le long de la côte car elles étaient considérées comme des rivales pour les pêcheurs).

En Norvège, 0,57% ont un aileron affaissé, soit 1 orque sur 30 individus étudiés.

Outre les altercations avec d’autres orques, les chercheurs pensent que l’effondrement des nageoires dorsales chez les orques sauvages pourrait être dû à l’âge, au stress, ou à des blessures (ex : les collisions avec des bateaux).

Le milieu naturel et le milieu en captivité sont très différents, alors quelles sont les causes de l’effondrement de l’aileron dorsal chez les orques captives? 

Ulises (SeaWorld San Antonio) 
  • En surface, l’eau ne supporte plus la nageoire dorsale, alors qu’elle croît rapidement, et la gravité la fait courber.
A l’inverse de leurs congénères sauvages qui parcourent des centaines de kilomètres par jour et passent plus de temps totalement immergée, les orques captives ne nagent pas suffisamment et passent la grande majorité de leur temps en surface (nourrissage, dressage et interactions avec les dresseurs).

Nager en profondeur fait en sorte que la pression exercée par la masse de l’eau maintienne en bon état les tissus internes de la nageoire, lui permettant ainsi de rester droite. En surface, l’eau ne supporte plus la nageoire dorsale, et la gravité la fait courber. 

  • La nageoire dorsale pourrait aussi s’affaisser sous l’effet d’une pression sanguine réduite liée à une moins grande activité physique chez les orques en captivité. 
  • La déshydratation serait une autre cause de cet effondrement. Selon certains experts, la diète imposée basée sur du poisson décongelé expliquerait pourquoi l’aileron des orques captive retombe. 
  • La chaleur : Les températures de l’eau et de l’air plus chaudes causeraient une surchauffe, la flexibilité des tissus serait accrue (notamment pour les fibres de collagène). Une chaleur qui se produit parce qu’ils ne peuvent pas nager librement et parce qu’ils sont exposés à l’air de manière continue durant les sessions d’entraînement et les spectacles.
La nageoire dorsale, outre sa fonction de dissipateur de chaleur et d’organe hydrodynamique, est aussi un bon indicateur de bonne santé globale de l’animal !

Un exemple frappant : En 1989, les nageoires dorsales de deux orques mâles se sont effondrées après avoir été exposées au pétrole lors de la marée noire de l’Exxon Valdez. Il s’agissait là clairement d’un signe de mauvaise santé et les deux orques sont malheureusement mortes peu après que l’effondrement des nageoires fut documenté.

Note : Cette affection est également connue sous le nom d’effondrement de la nageoire dorsale, de nageoire flasque ou de syndrome de la nageoire repliée. 

Sources : Thought Co / The Lost Cetacean / Baleines en Direct

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