C'est assez

Norvège – Un bébé orque mort à cause de la pollution

La nécropsie d’une orque âgée de 10 jours qui s’est échouée en Norvège en 2017 a révélé que ces animaux emblématiques, même si ils sont bébés, sont bourrés  de produits chimiques nocifs. 

Des polychlorobiphényles (PCB), produits chimiques organiques interdits ont également été trouvés dans le corps du bébé.

La jeune orque était l’une des huit orques décédées que des chercheurs norvégiens ont examinées. 

Sept d’entre elles (dont la petite orque) présentaient des niveaux de polychlorobiphényle (PCB), un retardateur de flamme interdit, suffisamment élevés pour provoquer des problèmes de santé chez ces animaux. Tous présentaient également, à des taux inférieurs, certains polluants plus récents dont on sait peu de choses et qui n’ont pas encore été interdits.

« La découverte la plus frappante est sans doute que le corps de l’orque nouveau-né était aussi pollué que celui des adultes », a déclaré Eve Jourdain, co-chercheuse de l’étude, fondatrice et chercheuse principale de Norwegian Orca Survey. 

« Cela signifie que ces nouveaux polluants sont également transmis de la mère au petit (transfert maternel par le placenta et l‘allaitement). »

L’équipe a réalisé les autopsies des animaux afin  d’en savoir plus sur la santé des orques dans les eaux norvégiennes. 

Les orques (qui ne sont pas vraiment des baleines, mais la plus grande espèce de dauphin) sont au sommet de la chaîne alimentaire, ce qui signifie qu’ils sont vulnérables à l’accumulation de niveaux élevés de polluants, a expliqué Mme Jourdain.

Après avoir recueilli des échantillons de graisse et, dans certains cas, de muscles et d’organes des huit orques mortes après s’être échouées ou qui ont été prises dans des filets de pêche en Norvège entre 2015 et 2017, l’équipe s’est mise au travail pour analyser les tissus des cétacés afin  d’y rechercher la présence de produits chimiques utilisés par l’homme. 

Dans l’ensemble, l’équipe a appris que « les PCB sont toujours présents à des niveaux élevés chez les orques norvégiennes, malgré le fait que ces produits soient interdits depuis longtemps », a déclaré Mme Jourdain. 

Les scientifiques ont également recherché de nouveaux produits chimiques qui ne sont pas encore réglementés, tels que les retardateurs de flamme bromés (RFB), et ont trouvé des traces d’autres retardateurs de flammes, le pentabromotoluène (PBT) et l’hexabromobenzène (HBB) à de faibles taux dans la graisse des huit orques. 

« Ces produits chimiques ont été créés pour remplacer les PCB, mais c’est une maigre consolation pour les orques. L’étude révèle que ‘ces produits chimiques de remplacement ont les mêmes propriétés d’accumulation dans les tissus des orques’ que les PCB », a déclaré Mme Jourdain.

Les chercheurs ont également examiné les substances perfluoroalkylées (PFAS), connues sous le nom de « produits chimiques éternels » parce qu’elles ne se décomposent pas comme les autres produits chimiques dans l’environnement, et les taux de mercure total. Bien qu’ils restent préoccupants, les niveaux de PFAS et de mercure étaient plus faibles chez le bébé orque que chez les adultes, « suggérant que  un transfert maternel moindre pour ces substances », notent les chercheurs dans leur étude. 

Certains de ces produits chimiques examinés dans l’étude – les BFR, les PBT, les HBB et les PFAS – sont largement utilisés dans d’innombrables produits, notamment les cosmétiques, le fart pour les ski, les textiles, le cuir, le papier et les agents des extincteurs à mousse, a expliqué Mme Jourdain. « Ils peuvent se retrouver dans l’océan par le biais des cours d’eaux , des eaux usées, etc. puis remonter et s’accumuler dans la chaîne alimentaire, jusqu’à atteindre leurs plus hauts niveaux les orques qui en tant que super prédateurs placés au sommet de la chaîne alimentaire marine, sont particulièrement menacées par cette pollution.

Des recherches antérieures ont également permis de trouver des PCB chez d’autres orques, notamment chez Lulu, une orque femelle adulte dont le corps a été découvert sur une île au large de l’Écosse en 2016. 

Les concentrations de PCB dans la graisse de Lulu étaient 100 fois supérieures au taux que les scientifiques jugent sans danger pour les mammifères marins. 

Lulu présentait l’une des plus fortes concentrations de polychlorobiphényles (PCB) jamais enregistrées chez un mammifère marin.

Les scientifiques ne savent pas encore à quel point ces produits chimiques peuvent être nocifs pour les orques, mais des études ont établi un lien entre les contaminants, tels que les PCB, et la déficience  de leur système immunitaire et leur infertilité.

D’autre part, la contamination par les PCB est la cause d’avortements et d’une mortalité anormale des bébés.

« Cela signifie que les orques peuvent être plus vulnérables aux agents pathogènes et aux maladies et moins susceptibles de se reproduire. »

Une étude publiée en 2018 révélait que plus de la moitié de la population mondiale d’orques pourrait disparaître d’ici 30 à 50 ans, à cause de plusieurs produits chimiques toxiques pourtant interdits dans le monde.

Traduction : C’est assez ! 

Sources : Live Science / Eminetra

Crédit photos : 

1 & 2 :  ©Norwegian Orca Survey            

3 : ©John Bowler/RSPB Scotland

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