C'est assez

Mammifères marins – Les polluants présents dans les océans ont un impact négatif sur la fertilité des mâles.

23 janvier 2021 – Un article d’Harry Cockburn pour « The Independent »

La pollution causée par les BPC aurait joué un rôle dans la chute du taux de fécondité chez certaines espèces de cétacés dans les eaux britanniques.


Ces polluants peuvent également affecter la fertilité humaine.

Selon une nouvelle étude, la capacité de reproduction des marsouins mâles vivant le long de la côte britannique serait impactée par la présence de produits chimiques industriels interdits

L’utilisation de polychlorobiphényles ( PCB ) été interdite au Royaume-Uni dans les années 1980, mais leur utilisation généralisée signifie que ces polluants sont toujours présents dans les eaux, s’accumulant chez les baleines, les dauphins, les orques et les marsouins. 

Les scientifiques qui étudient la présence de ces polluants chez les cétacés ont découvert qu’ils peuvent avoir un « impact substantiel sur la santé reproductive » de ces espèces, y compris celle des marsouins.

Alors que les précédentes études précédentes se sont concentrées sur les impacts de ces polluants sur la reproduction des marsouins femelles, cette nouvelle étude s’est penchée sur la biologie de la reproduction masculine. 

L’équipe, composée de chercheurs du Cetacean Strandings Investigations Programme, de la Brunel University, du Centre for Environment, Fisheries and Aquaculture Science, de l’University of Exeter and the Scottish Marine Animal Stranding Scheme, a constaté que les PCB étaient associés à la réduction du poids des testicules chez les marsouins, qui par ailleurs sont en bonne santé.  

« La population étudiée présente des taux de grossesses inférieures de moitié à ceux observés dans d’autres populations moins contaminées et nous pensons que les impacts de l’exposition aux PCB sur la fertilité des mâles donnent une explication partielle des raisons pour lesquelles les taux au sein de cette population sont si bas », ont déclaré les chercheurs. 

Ils ont également précisé que la confirmation du rôle des PCB avait de graves implications pour d’autres espèces qui vivent ou passent du temps dans les eaux britanniques.

« Les résultats sont particulièrement importants et concernent d’autres espèces de cétacés, comme les orques », selon les auteurs de cette étude. 


Les orques « accumulent les concentrations les plus élevées de PCB et font donc face à la plus grande menace. Les impacts de l’exposition aux PCB chez les épaulards sont aggravés par leur faible taux de natalité. »

« Par conséquent, plusieurs populations qui vivent à proximité des zones industrialisées sont confrontées à une menace immédiate d’exposition aux PCB. »

En 2016, une orque nommée Lulu a été retrouvée morte après s’être enchevêtrée dans un filet, mais une autopsie a révélé qu’elle était contaminée par des « niveaux choquants de PCB », avec l’une des lectures les plus élevées de tous les animaux jamais testés.

Les orques, dont le régime alimentaire comprend des phoques, des thons et des requins, présentent les concentrations de PCB les plus élevées et ce sont ces populations qui sont les plus exposées au risque d’effondrement de leur population, tandis que d’autres populations qui se nourrissent de poissons plus petits sont moins exposées.

Cependant, la menace des PCB ne concerne pas seulement les cétacés adultes, mais peut être transmise de génération en génération, car les PCB contaminent le lait dont se nourrissent leurs petits. 

Cette étude est la première à étudier la relation entre la charge de PCB et le poids des testicules chez les cétacés. Les auteurs ont déclaré qu’ils « pensent que cela représente une avancée substantielle dans notre compréhension de la relation entre les expositions aux PCB et la biologie des mâles chez les cétacés ».

Ils ont appelé à une réglementation plus stricte sur l’impact des PCB sur l’environnement marin.

« Les résultats suggèrent que des contrôles plus efficaces des PCB pourraient avoir un impact substantiel sur la santé reproductive des espèces de cétacés côtiers et que les mesures de gestion devraient être intensifiées pour assurer une protection adéquate des populations de cétacés les plus vulnérables », ont-ils déclaré.

Les scientifiques ont averti que ce ne sont pas seulement les cétacés qui sont menacés à long terme par les PCB, mais que les humains sont également exposés par la contamination aux PCB et les problèmes de fertilité qui en découlent.

« Les résultats sont en accord avec des études sur d’autres mammifères qui ont démontré que l’exposition aux PCB inhibe le système reproducteur masculin. Par exemple, des études épidémiologiques humaines ont prouvé des associations négatives entre l’exposition aux PCB, la mobilité des spermatozoïdes et les niveaux de testostérone chez les hommes », ont déclaré les auteurs.

« Il y a un consensus croissant sur le fait que l’exposition aux contaminants qui perturbent les systèmes hormonaux peut être en partie responsable du déclin mondiale des taux de fertilité masculine qui s’est produite au cours des 50 dernières années. Par conséquent, il est impératif de faire davantage pour protéger les humains et notre environnement contre l’exposition à ces produits chimiques dangereux. »

L’étude fait suite à des recherches alarmantes en Allemagne qui indiquent que les populations de marsouins de la mer du Nord ont diminué au cours des dernières décennies.

L’étude a été publiée dans la revue Environment International
 

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