C'est assez

Une nouvelle espèce de baleine bleue découverte dans l’océan Indien

27 décembre 2020 

Une équipe internationale de chercheurs a découvert ce qu’elle pense être une nouvelle population de baleines bleues dans l’océan Indien occidental. 

Les baleines bleues sont les plus gros animaux qui aient jamais vécu sur notre planète, et on les trouve dans tous les océans du monde. Elles ont des chants très graves et reconnaissables, et pour les chercheurs, chaque population a son propre chant. 

Dans un article récemment publié dans la revue Endangered Species Research , les chercheurs décrivent un nouveau chant de baleine bleue qui se fait entendre le long de la côte de la mer d’Oman à Oman jusqu’à l’archipel des Chagos dans le centre de l’océan Indien et au sud de Madagascar dans le sud-ouest de l’Inde. 

Cette population semble avoir un chant unique, une lente et profonde mélodie distincte de tous les autres chants déjà documentés. 

Le Dr Salvatore Cerchio, directeur de l’African Aquatic Conservation Fund’s Cetacean Program et visiteur scientifique à l’aquarium de la Nouvelle-Angleterre, a mené l’analyse des enregistrements de la baleine dans trois endroits dans l’océan Indien occidental. 

Le Dr Cerchio a enregistré ce nouveau chant pour la première fois en 2017, il effectuait  des recherches acoustiques axées sur les baleines d’Omura dans le canal du Mozambique au large de Madagascar, quand il a entendu  nouveau chant de baleine bleue, un chant qui n’avait jamais été décrit auparavant. 

« C’est comme entendre des chansons différentes d’un même genre, comme du Stevie Ray Vaughan et du B. B. King », a déclaré Salvatore Cerchio auprès du New York Times. « Les deux sont du blues, mais avec un style différent. »

Mr Cerchio travaillait en collaboration avec une équipe de scientifiques collectant des enregistrements acoustiques dans la mer d’Oman. Cela fait partie d’un effort de recherche axé sur la baleine à bosse en mer d’Oman, une espèce hautement menacée, et d’une collaboration entre l’Environment Society of Oman, Five Oceans Environmental Services LLC, l’Oman’s Environment Authority et le ministère de l’Agriculture, des Pêches et des ressources en eau d’Oman. Lors de l’analyse des données acoustiques d’Oman, l’équipe a reconnu le même chant inhabituel. 

Ce nouveau chant de baleine bleue a été enregistré plus souvent au large d’Oman qu’à Madagascar, et il est devenu évident pour les chercheurs qu’ils avaient trouvé ce qui était probablement une population de baleines bleues inconnue auparavant dans l’océan Indien occidental. 

« C’est tout à fait remarquable de trouver dans vos données un chant de baleine qui est absolument unique, et jamais signalé auparavant, et de le reconnaître comme étant celui d’une baleine bleue », a déclaré Cerchio. 

Le chant de la baleine bleue a été largement étudié dans le monde, et plusieurs populations de cette espèce ont été identifiées sur la base de leurs chants distincts dans l’océan Indien. 

« Avec tout ce travail effectué sur les chants de baleines bleues, penser qu’il y avait une population là-bas que personne ne connaissait avant 2017, eh bien, ça vous laisse bouche bée », a-t-il rajouté. 

En 2018, l’équipe a fait part de ses conclusions au comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI), qui était en train d’évaluer l’état des populations de baleines bleues dans l’océan Indien. 

Cette découverte a suscité beaucoup d’enthousiasme lors de la réunion et a soulevé de nombreuses questions sur les mouvements et la structure de ces populations dans l’océan Indien. 

Emmanuelle Leroy et Tracey Rogers de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney (Australie), menaient également des recherches acoustiques sur les rorquals bleus de l’océan Indien. En lisant le rapport de la CBI sur ce nouveau chant, Leroy a reconnu qu’ils avaient également enregistré le même au large de l’archipel des Chagos dans le centre de l’océan Indien. 

« Peu de temps après que nous ayons fait le premier rapport à la CBI, j’ai reçu un e-mail d’Emmanuelle disant : Hey Sal, je pense que nous avons ce chant d’ Oman sur les Chagos! », a déclaré le Dr Cerchio. 

L’équipe s’est agrandie et l’analyse des données des trois sites a suggéré que cette population pourrait passer la plupart de son temps dans le nord-ouest de l’océan Indien, dans la mer d’Oman et à l’ouest des Chagos. 

Il est reconnu depuis longtemps qu’une population unique de baleines bleues réside dans le nord de l’océan Indien, mais on a supposé que les baleines de la mer d’Oman appartenaient à la même population qui a été étudiée au large du Sri Lanka et qui s’étend jusqu’au centre-sud de l’océan Indien. 

Cependant, chaque chant raconte une histoire différente. 

« Avant nos enregistrements au large d’Oman, il n’y avait pas de données acoustiques de la mer d’Oman, et donc l’identité de cette population de baleines bleues n’était qu’une supposition », a déclaré Andrew Willson de Five Oceans Environmental Services LLC, qui a dirigé le déploiement des unités d’enregistrement. 

« Nos travaux montrent qu’il y a beaucoup plus à apprendre au sujet de ces animaux, et c’est une urgence absolue compte tenu du vaste éventail de menaces qui pèsent sur les grandes baleines en raison de l’expansion des industries maritimes dans la région. ».

Les baleines bleues ont été chassées jusqu’à l’extinction dans le monde entier au cours du 20e siècle, et les populations n’ont commencé à se rétablir que très lentement au cours des dernières décennies à la suite du moratoire mondial sur la chasse commerciale à la baleine. 

La mer d’Oman a été la cible de la chasse illégale soviétique à la baleine dans les années 1960, une activité qui a presque éradiqué ce qui était déjà probablement de petites populations de baleines à bosse, de rorquals bleus, de cachalots et de baleines de Bryde. 

Certains chercheurs considèrent que les baleines bleues du nord de l’océan Indien et les baleines à bosse de la mer d’Arabie constituent des sous-espèces uniques, pas simplement des populations, ce qui les rend particulièrement spéciales et importantes pour la biodiversité. 

« Ces populations semblent être uniques parmi les baleines à fanons, dans le cas des baleines à bosse de la mer d’Arabie en raison de leur résidence durant toute l’année dans la région sans la même migration sur de longues distances que les autres populations », souligne Willson. 

« Depuis 20 ans, nous concentrons nos travaux sur la baleine à bosse de la mer d’Arabie, une espèce qui est en voie de disparition et pour laquelle nous pensons qu’il ne reste qu’une centaine d’individus au large des côtes d’Oman », a déclaré Suaad Al Harthi, directrice exécutive de l’Environment Society of Oman. 

Pour les chercheurs, il est important de se saisir de cette découverte car leurs données suggèrent qu’il s’agit petite population qui a un besoin critique d’évaluation de son état et de mesures de conservation. 

« Nous commençons tout juste à en savoir plus sur une autre population de baleines bleues tout aussi spéciale et probablement également en voie de disparition. »

On ne sait pas grand-chose sur les chants de baleine. La plupart des chercheurs pensent que les chants servent à attirer les femelles. 

Cette découverte est d’autant plus intéressante qu’un chant différent pourrait amener à une division en sous-espèces des baleines bleues, chacune présentant ses comportements types et ses singularités.

« Si deux populations ne peuvent pas parler, au fil du temps, elles vont évoluer chacune de son côté », indique Asha de Vos, biologiste marine. 

Cette découverte nous rappelle que l’océan reste un espace majoritairement inexploré, et que tout reste à découvrir ! 

Traduction : C’est assez ! 

Source : Phys.org

Crédit Photos : Robert Baldwin/Environment Society of Oman

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