C'est assez

100 000 Cétacés Sont Chassés Chaque Année Selon Un Nouveau Rapport

Article de la Whale and Dolphin Conservation (WDC) publié le 6 août 2018.
Traduction: C’est Assez! 

UN NOUVEAU RAPPORT RÉVÈLE QUE 100.000 DAUPHINS ET PETITES BALEINES SONT CHASSÉS CHAQUE ANNÉE

Lorsque vous entendez les mots «chasse aux dauphins», vous pensez probablement au Japon ou aux îles Féroé. Bien qu’ils soient complices de la mort de plusieurs milliers d’individus, ce ne sont malheureusement pas les pires contrevenants.

Je savais que des dauphins et des petites baleines étaient chassés dans de nombreux pays du monde entier et je soupçonnais que ces chasses horribles augmentaient à un rythme alarmant. Mais d’une certaine manière, ce phénomène semblait passer inaperçu. Je ne pense pas que quiconque ait vraiment une idée de l’ampleur du problème et nous nous sommes réunis avec des collègues d’organisations similaires pour découvrir exactement ce qui se passait et l’exposer au monde entier.

En conséquence, je viens de passer la plus grande partie de l’année à co-écrire un rapport qui révèle quels pays tuent telles espèces et en quel nombre. Nous avons également détaillé ce que les chasseurs faisaient avec les corps.
C’est l’une des choses les plus difficiles que j’ai eues à faire dans ma carrière de scientifique et de défenseur des cétacés. Les informations que j’ai découvertes sur l’importance de ce problème et le nombre considérable de cétacés abattus  m’ont profondément bouleversé.

Harponnage d’un dauphin. Copyright: S Austerm
Nous avons analysé plus de 300 publications scientifiques, rapports de médias locaux et récits de témoins oculaires, et notre rapport révèle que plus de 100.000 dauphins et petites baleines sont chassés et tués chaque année, dont beaucoup sont utilisés comme appâts pour le requin, le thon et d’autres formes de pêche. 

Ces chasses ciblent 56 espèces différentes et sont pratiquées dans plus de 40 pays. La plupart de ces chasses sont non-réglementées, illégales, non-durables et leurs conséquences sur les populations marines demeurent inconnues. Et le plus inquiétant, c’est que ces chasses sont illégales et sûrement largement sous-estimées. Il est probable que des populations entières, voire des espèces, seront bientôt exterminées. Les individus tués subiront une lente agonie et une mort extrêmement cruelle, car la plupart sont tués avec des méthodes rudimentaires, certains sont même tués avec de la dynamite.

Le Pérou est le pays où le plus grand nombre de cétacés sont tués: près de 15.000 dauphins y sont massacrés chaque année pour servir d’appât pour la pêche aux requins. 

Les autres pays où plus de 1000 cétacés sont tués chaque année sont le Brésil, le Canada, le Groenland, le Ghana, le Guatemala, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, Madagascar, la Malaisie, le Nigéria, la République de Corée, les Îles Salomon, le Sri Lanka et la Chine / Taipei chinois (désormais Taiwan (RPC)). Jusqu’à plusieurs centaines de ces mammifères marins sont chassés chaque année aux États-Unis (Alaska), Cameroun, Colombie, Îles Féroé, Guinée Bissau, Kiribati, Myanmar, Pakistan, Philippines, Papouasie Nouvelle Guinée, Sénégal, Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines, au Vietnam et en Tanzanie.

Êtes-vous choqué ? Je l’ai été.

Les raisons diffèrent selon les pays. Ils sont tués pour la consommation humaine, servir d’appât, pour l‘étanchéité, pour des gratifications sexuelles, pour fabriquer de médicaments ou des amulettes traditionnelles, pour servir de monnaie d’échange ou encore éliminer un concurrent « trop gourmand », les ressources étant en déclin. Depuis des millénaires, certaines espèces sont chassées par les populations indigènes dans le monde entier, tandis que dans d’autres régions, notamment en Afrique de l’Ouest et en Asie, la pêche industrielle, souvent illégale, non déclarée et non réglementée, entraîne une surexploitation des ressources halieutiques. Les petites baleines sont de plus en plus chassées comme source de nourriture pour répondre aux besoins en protéines d’une population humaine croissante. Pourtant, l’état précaire de ces nombreuses populations et leur faible taux de reproduction, ainsi que leur taux élevé en polluants, montrent sans aucun doute qu’elles ne constituent pas un choix sûr et durable pour assurer la sécurité alimentaire.

Chasse aux dauphins dans les îles Salomon. Copyright: Dolphin Project
La chasse aux petites baleines, aux dauphins et aux marsouins est illégale dans de nombreux pays, mais difficilement contrôlée dans les zones reculées comme le Brésil, le Sri Lanka ou le Pérou où il existe désormais un marché noir florissant. Généralement, là où la législation est en place, une fois encore, les contrôles appropriés et des mesures rigoureuses pour faire appliquer la loi font défaut.

Alors que la chasse pour la consommation humaine a diminué dans de nombreuses régions, la chasse aux cétacés destinés à être utilisés comme appâts pour la pêche est en nette hausse. La viande de dauphin et de baleine est considérée comme idéale pour les appâts en raison de sa résistance dans l’eau, ce qui lui permet de rester accrochée aux hameçons même après une longue période de trempage et elle est très attractive grâce à sa forte teneur en sang et en graisse.

Nous savons que les gens trouveront cela choquant et terriblement bouleversant, mais nous devons diffuser ces informations car nous avons désespérément besoin d’actions pour mettre un terme à cette chasse. Nous avons écrit ce rapport pour les centaines de milliers d’individus qui vont subir une mort cruelle, angoissante et franchement terrifiante. pour les dauphins et les petites baleines qui vont perdre leur famille et leurs amis, et pour les populations et les espèces qui pourraient être détruites. Nous transmettrons notre rapport aux plus hautes puissances diplomatiques et scientifiques, y compris à la Commission Baleinière Internationale, la Convention sur les Espèces Migratrices et la Convention sur le Commerce International des Espèces Menacées d’Extinction. Nous mènerons des enquêtes sous couverture dans certains de ces pays et nous travaillerons avec eux pour les aider à comprendre les avantages économiques du « whale and dolphin watching » (pratique touristique consistant à aller observer des dauphins et baleines en mer, N.d.T.).

Liste des pires pays contrevenants, nombre de cétacés tués chaque année et pourquoi:

Pérou : jusqu’à 15 000 (appâts pour la pêche au requin)
Nigéria : environ 10 000 individus (marché de la viande et appâts pour la pêche)
Brésil : plusieurs milliers de cétacés (principalement pour les appâts pour la pêche)
Venezuela : plusieurs milliers de cétacés (pour le marché de la viande et comme appâts pour la pêche)
Madagascar : plusieurs milliers de cétacés (pour le marché de la viande et comme appâts pour la pêche)
Inde : plusieurs milliers de cétacés (pour le marché de la viande et comme appâts pour la pêche)
Corée du Sud : plusieurs milliers de cétacés (pour le marché de la viande)
– Malaisie : plusieurs milliers de cétacés (pour le marché de la viande et comme appâts pour la pêche)
Groenland :> 3.100 (nourriture)
Japon : moins de 2300 actuellement (pour le marché de la viande)

Les révélations les plus choquantes de notre rapport :

• En Indonésie, un seul ensemble de filets a permis de capturer plus de 577 globicéphales et 312 dauphins non identifiés durant 11 mois. Toutes les espèces marines tuées en utilisant cette méthode ont été transformées en aliments pour animaux de compagnie pour l’exportation.

Ces chasses ne sont pas sélectives – aucune espèce, taille ou sexe spécifique ne sont visés. Au lieu de cela, les individus les plus facilement accessibles sont chassés, ce qui rend les dauphins de rivière et des côtes particulièrement vulnérables à la surexploitation.

• Au cours des 20 dernières années, au moins 18 405 cétacés ont été tués dans les îles Féroé.

• Dans l’Arctique, le nombre d’individus tués pour les chasses de subsistance par les peuples autochtones a augmenté au cours des dernières décennies. Cela est dû à la croissance de la population humaine (augmentation de la demande), l’avènement de techniques modernes et la fonte des glaces liée au changement climatique qui facilite l’accès à certaines zones. Bien que de nombreuses chasses soient «gérées» par un système de quotas, les limites de capture sont fréquemment dépassées et le nombre réel d’individus tués est souvent bien plus élevé en raison du grand nombre d’individus touchés selon le type d’armes utilisées.

Plus de 232 orques ont été tuées au Groenland entre 2007 et 2016.

Des milliers de botos et de tucuxis, deux espèces de dauphins d’eau douce, sont chassés chaque année pour servir d’appât pour la pêche commerciale. Dans une rivière du nord-ouest du Brésil, on estime que plus de 1 500 cétacés sont tués chaque année. Une étude a révélé un déclin de 50% de la population de botos entre 2004 et 2014.

• Malgré la législation, 15 000 cétacés sont tués chaque année au Pérou, principalement pour servir d’appât, mais une quantité considérable de viande de dauphin est également vendue illégalement sur les marchés péruviens pour la consommation humaine.

• Parmi les 20 espèces de baleines et de dauphins présentes dans les eaux vénézuéliennes, 11 sont connues pour être la cible lors de chasses.

• À Saint-Vincent et aux îles Grenadines, plus de 500 cétacés (dont des orques) sont tués chaque année. De petits morceaux de graisse et de viande, appelés localement «chips», sont consommés dans tout le pays.

L’augmentation de la valeur de la viande de dauphin (ou des carcasses individuelles) suggère un commerce croissant des produits issus de cétacés malgré les interdictions nationales. Cela est particulièrement préoccupant au Ghana et au Nigéria, qui sont actuellement responsables du nombre le plus élevé de cas de mortalité en Afrique de l’Ouest.

• Un port du Ghana a connu une augmentation de près de 400% du nombre de dauphins débarqués depuis 2003.

• Les prises accessoires et la chasse délibérée de dauphins à bosse de l’Atlantique étaient si importantes dans certains endroits d’Afrique de l’Ouest que l’espèce a été menacée d’extinction. En outre, il est suggéré que les grands dauphins sont en train de disparaître plus rapidement que les autres espèces et que les prises annuelles totales sont considérées comme non durables.

• La viande de baleine et de dauphin qui n’est pas consommée localement est salée, fumée et séchée, puis commercialisée au nord du Togo, au Burkina Faso, au Niger et au Mali.

Tous les pays d’Asie du Sud-Est et d’Asie de l’Est signalent des chasses aux mammifères marins, ainsi que l’utilisation opportuniste de mammifères vivants ou morts marins provenant d’échouages et de prises accidentelles.

• Entre 2000 et 2016, le Japon a tué environ 173 662 dauphins et petites baleines.

Dauphin tué en Inde. Copyright: Anonymous
Article original: ICI
Note du traducteur: En anglais, le terme « small whale » (petite baleine) est généralement utilisé pour parler de certaines espèces de dauphins, comme les globicéphales, les bélugas ou les orques. 

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