C'est assez

Taiji Au Japon: L’Enfer Des Dauphins

La petite ville de Taiji est située dans la préfecture de Wakayama au Japon. Chaque année, une chasse au rabattage cruelle s’y déroule et tue des centaines voire des milliers de dauphins. On estime qu’environ 22 000 dauphins perdent la vie au Japon chaque année durant la saison de chasse qui commence le 1er Septembre et dure 6 mois environ. Un dixième des massacres de dauphins au Japon se déroule à Taiji.
C’est le film oscarisé The Cove, La Baie de la Honte qui a permis d’attirer l’attention internationale sur ces pratiques. Ce documentaire tourné par Richard O’Barry, l’ancien dresseur de Flipper, met en exergue les liens étroits entre les massacres de dauphins et l’industrie de la captivité.


Taiji en quelques chiffres

Des quotas annuels sont fixés et permettent aux pêcheurs de tuer et de capturer chaque année différentes espèces de dauphins.
Pour la saison 2015-2016, les quotas autorisent les pêcheurs de Taiji à capturer 1873 cétacés de 7 espèces différentes: des grands dauphins (462), des dauphins bleus et blancs (460), des dauphins tachetés pantropicaux (400), des dauphins de Risso (256), des dauphins à flancs blancs du Pacifique (130), des baleines-pilotes (101) et des fausses orques (70).

Chaque année, Taiji vend des centaines de dauphins aux aquariums du monde entier. Le prix pour un dauphin captif dressé est d’environ 130 000 euros voire plus. Un business très lucratif, donc, pour ces pêcheurs japonais bien décidés à continuer malgré les critiques grandissantes de l’opinion publique.

Dressage de dauphins à Taiji. Crédit photo: Sea Shepherd Conservation Society
Des méthodes cruelles

De septembre à mars, les pêcheurs partent en mer à la recherche de dauphins. Une fois un groupe repéré, les bateaux se positionnent de manière à former un barrage en forme de V et les pêcheurs effraient les cétacés en tapant la surface de l’eau avec de longues barres de métal, ce qui forme comme un « mur de bruit ». Il ne leur reste plus qu’à rabattre les animaux affolés dans la baie peu profonde où ils installent ensuite des filets pour les empêcher de fuir. 

Les dauphins qui ne sont pas sélectionnés pour la captivité (trop jeunes, trop vieux, pas assez « beaux » etc.) sont la plupart du temps massacrés. 
Depuis la sortie du film The Cove, les pêcheurs ont installé de grandes bâches sous lesquelles ils tuent les dauphins à l’abri des regards. 

En 2010, des officiels des pêcheurs de Taiji annoncèrent avoir changé leurs méthodes de mise à mort. Jusque-là, les dauphins étaient harponnés et poignardés jusqu’à ce qu’ils meurent. A présent, leur méthode consiste à détruire la moëlle épinière des cétacés qu’ils transpercent à l’aide une tige métallique. Censée être moins cruelle que l’ancienne, cette pratique l’est en réalité tout autant. Dans les faits, les pêcheurs peinent à atteindre la moëlle épinière du premier coup et les dauphins, qui restent conscients tout au long de leur agonie, se débattent dans un effort désespéré pour échapper à leurs bourreaux. Ils voient les leurs se faire massacrer devant eux et comprennent parfaitement tout ce qui se passe. 
Une fois les animaux ainsi abattus, leurs corps sont emmenés à la boucherie pour être découpés et finir dans les allées des marchés et supermarchés japonais.

Viande de dauphin vendue sur un marché japonais. Crédit photo: Australia For Dolphins
Des massacres inutiles

Des analyses répétées de la viande de dauphin ont révélé que celle-ci contient des taux élevés de mercure, un métal lourd considéré comme très toxique.

De 2002 à 2006, Tetsuya Endo, l’un des meilleurs experts au monde sur le taux de mercure des mammifères marins, a acheté plus de 50 échantillons de viande de dauphin sur les marchés de Taiji. Les tests effectués sur la viande ont révélé que « les taux moyens de mercure et de méthylmercure contenus dans la viande de globicéphale étaient de 9.6 ppm (partie par million) et de 5.9 ppm, » révéla Endo au journal The Japan Times. La limite fixée par le gouvernement est de 0.3 ppm pour le méthylmercure, qui est la forme la plus toxique de ce métal lourd.
Plusieurs cantines de la ville de Taiji ont retiré la viande de dauphins de leurs menus en raison de sa toxicité. 
Par ailleurs la viande de dauphin ne semble plus vraiment appréciée par la population et est souvent vendue comme de la viande de baleine.

Alors pourquoi tant de dauphins périssent dans ces massacres?
Il est fort probable que ces massacres soient en réalité un prétexte, un leurre destiné à faire croire au monde entier que ces chasses sont une tradition alors qu’elles existent avant tout pour fournir les delphinariums en jeunes spécimens de cétacés. 
La chasse aux dauphins a réellement débuté en 1969, afin de fournir des baleines-pilotes au Taiji Whale Museum. Avant cette date, on ne trouve dans les registres de la ville que trois occurrences de cette pratique: en 1933 pour la première, puis en 1936 et en 1944. La tradition n’est donc ni plus ni moins qu’un prétexte fallacieux puisque cela ne fait que 47 ans que ces massacres se perpétuent année après année.

Angel, le symbole de Taiji

Angel a environ un an quand le 17 Janvier 2014 les pêcheurs japonais prennent en chasse un énorme pod de 250 dauphins. La couleur blanche du petit cétacé est rapidement repérée ( seuls 14 dauphins albinos ont été recensés depuis 1960).
Sitôt rabattu dans la baie avec ses congénères, le dauphin voit les filets se tendre et les premiers plongeurs se mettre à l’eau pour l’arracher à sa mère contre laquelle il était resté collé durant toute la traque. Aucun scrupule pour ces pêcheurs quand il s’agit de s’assurer des revenus confortables, on détruit des familles sans compassion.


Les Cove Guardians racontent que quelques heures plus tard, la maman se laisse couler et ne remonte pas, sans doute emportée par le désespoir.

Mais la cruauté n’a pas de limite, durant les quatre jours suivants, dresseurs et tueurs se relaient et sélectionnent…Les soixante dauphins présentant les critères requis pour une vie en captivité (jeune, bon état général, sans traces sur la peau etc…) partent pour les bassins, les autres sont massacrés ou pour une poignée, relâchés (des juvéniles comme toujours).

Quelques semaines plus tard, Angel est transférée au Taiji Whale Museum où croupit déjà une quarantaine de dauphins.

On voit dans cette vidéo quelle est sa vie entre quatre murs de béton crasseux, sans espace, privée de tous les siens… une vie de misère pour satisfaire l’humain ou lui remplir les poches !
C’est Ric O’Barry présent au Japon lors de la saison de chasse qui a « baptisé » cette femelle Angel.


Comment agir?

Il y a plusieurs façons d’agir pour aider à mettre fin à ces massacres. Nous vous proposons ci-dessous une liste non-exhaustive d’actions pour mettre la pression sur le gouvernement japonais afin que ces horreurs cessent enfin.


Chaque jour de baie rouge, vous pouvez manifester votre tristesse et votre indignation de plusieurs manières différentes.

– Vous pouvez tout d’abord appeler l’ambassade du Japon en France, demander à parler à un responsable et expliquer de manière très courtoise pourquoi ces massacres vous révoltent, en appelant le numéro suivant: 01 48 88 62 00
– Vous pouvez également envoyer un email à deux adresses: info-fr@ps.mofa.go.jp / consul@ps.mofa.go.jp
Bien qu’il soit préférable de personnaliser votre email, voici un email-type que vous pouvez copier / coller:

Bonjour,

Suite au nouveau massacre de cette nuit dans la baie de Taiji au Japon,je vous fais part de mon indignation, de ma colère et de ma profonde tristesse!
Les dauphins sont des êtres merveilleusement intelligents, évolués et pacifiques, ils appartiennent à l’humanité tout entière et non à une poignée de « pêcheurs « cupides et sanguinaires.
Ces massacres particulièrement cruels sont la honte du Japon et ils salissent tout un peuple.
Ils ne peuvent plus se justifier pour des questions alimentaires car la viande de dauphin est tellement toxique que 2 conseillers de la ville de Taiji ont obtenu qu’elle ne soit plus servie dans les cantines de cette ville.
La culture japonaise a toujours eu la réputation d’être belle et raffinée et il est fort dommage que tout un peuple soit sali par ces crimes barbares..

Je vous remercie de faire suivre mon courrier aux personnes concernées et compétentes.

Cordialement,

[nom, prénom]


– Nous vous invitons également à envoyer un message en anglais au cabinet du Premier Ministre japonais, M. Shinzo Abe en suivant ce lien.
Là encore il est préférable de personnaliser votre message mais vous pouvez aussi faire un copier / coller de ce texte:

Dear Honorable Prime Minister Abe,

I am deeply outraged, angry and sad to learn that a new dolphin slaughter has just occurred in the bay of Taiji, Japan.
Dolphins are peaceful and sentient creatures who are incredibly intelligent and self-conscious. They belong to the ocean, not to a handful of greedy and bloodthirsty fishermen.
These slaughters, which are particularly cruel, are detrimental to Japan’s international image. These acts are a disgrace to Japan and cannot be justified with subsistence since dolphin meat is so toxic that it was removed from Taiji’s school canteens.
The Japanese culture has always been viewed as refined and full of wisdom and it is a shame that these barbaric crimes should reflect so badly on Japanese people. Hopefully these hunts will stop soon with your benevolent help.

Yours faithfully,
[nom, prénom]

NB: Pour l’objet de l’email (subject), nous vous conseillons de mettre « Japanese culture » et éviter de mettre les mots « dolphins » « slaughter » ou « Taiji » pour que ça n’aille pas directement à la poubelle.

– Voici aussi deux pétitions à signer et à partager :
– Enfin, parlez-en, informez autour de vous. Si vous ne l’avez pas, vous pouvez acheter le documentaire The Cove et le prêter à vos amis ou demander à la médiathèque la plus proche de chez vous qu’ils l’achètent s’ils n’en possèdent pas déjà un exemplaire.
Boycotter et inciter les gens à boycotter les delphinariums est la manière la plus simple d’agir pour que ces captures cessent.

Lire aussi notre article « Captivité: où vont les dauphins capturés à Taiji » ici.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *