C'est assez

Nouvelles restrictions pour le whale Watching afin de mieux protéger les orques du sud

29 décembre 2020

La Fish and Wildlife Commission de l’Etat de Washington a procédé à un vote afin de finaliser ces nouvelles règles qui s’appliqueront aux navires commerciaux de whale Watching de l’État. 

Crédit photo : ©Elaine Thompson / AP

Ces nouvelles règles restreignent considérablement le whale watching pour les orques résidentes du sud.

Elles visent à mieux protéger cette population d’orques, une espèce en voie de disparition, du bruit des navires et des perturbations causées par les bateaux de whale watching, mais elle permet toujours de les observer durant les mois d’été lorsque les orques viennent se nourrir dans la mer des Salish. 
Pour Sophia Ressler, avocate et défenseur de la faune au Center for Biological Diversity dans l’état de Washington, « Ces nouvelles règles ne vont pas assez loin pour protéger les résidentes du Sud qui sont en danger critique d’extinction. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour donner à ces orques emblématiques les eaux calmes dont elles ont besoin pour se nourrir. »

Ces règles comprennent une zone d’exclusion obligatoire pour les excursions commerciales de whale watching le long du côté ouest de l’île San Juan durant toute l’année, à l’exception d’un couloir de 100 mètres de large près du rivage pour les excursions commerciales en kayak.

Elles imposent également une saison de trois mois, de juillet à septembre, durant laquelle l’observation commerciale des orques résidentes du Sud par le biais d’excursions motorisées à une distance inférieure à un demi-mille nautique est limitée à deux périodes quotidiennes de deux heures. 

L’observation durant ces périodes est en outre limitée à trois bateaux d’excursion à la fois par groupe d’orques.

L’observation des bébé de moins d’un an est interdite. 

Crédit photo : ©Northwest Fisheries Science Center/The Canadian Press 

Si des orques vulnérables, tels que des animaux maigres, malades ou blessés, sont observés dans la population, ils pourraient eux aussi être également interdits de visite par l’établissement de règles d’urgence. 

Cette réglementation imposent également de nouvelles procédures pour les demandes de licence pour l’observation commerciale des baleines ainsi que des exigences en matière de rapports et de formation.

En vertu des règles existantes, les plaisanciers doivent se tenir à au moins 300 mètres des orques résidentes du sud et à au moins 400 mètres de leur chemin ou derrière elles. Ils doivent également réduire leur vitesse à 7 nœuds à moins d’un demi-mille des orques résidentes du sud.

Inscrites sur la liste des espèces en voie de disparition en vertu de l’Endangered Species Act en 2005. Les principaux risques identifiés jusqu’à présent pour leur survie sont le bruit et la perturbation dus aux navires, le manque de saumon quinnat et les polluants.

Cette nouvelle réglementation adoptée le 18 décembre dernier a été élaborée sur plusieurs années et a créé le premier système de licence de l’État pour l’industrie de whale Watching.

Crédit photo : Elaine Thompson/AP
Ces règles visent à réduire l’impact du bruit et des perturbations dus navires sur la capacité des orques à se nourrir, se reposer et à socialiser. Les orques chassent avec l’écholocation, elles émettant des sons de haute fréquence. Les bruits sous-marin et la perturbation des bateaux rendent plus difficiles la recherche de leur nourriture déjà rare. Le bruit oblige aussi les épaulards à dépenser plus d’énergie pour communiquer les uns avec les autres, élevant leur voix pour être entendus.

Cette réglementation entrera en vigueur au début de l’année 2021 et ne concernent que l’observation des orques résidentes du sud. 

Les visites concernant les baleines à bosse et les baleines grises, ainsi que les orques de Bigg, beaucoup plus nombreuses et de passage, pourront se poursuivre comme auparavant.

Plus de 4 000 personnes ont contacté la Commission pour soutenir des règles plus strictes pour le whale watching afin de protéger les orques résidentes du sud. Seuls quelque 200 commentaires se sont opposés à une réglementation plus stricte.

Lundi 21 décembre, la Pacific Whale Watch Association a publié un communiqué de presse indiquant que les nouvelles règles entraveraient la capacité des voyagistes à jouer un « rôle de sentinelle » sur l’eau pour les orques en danger.

L’ONG Orca Conservancy a également fait valoir que les nouvelles règles exposeront les orques à plus de bruit de la part de plaisanciers ignorants, et pourraient créer un plus grand risque de collisions avec les bateaux en raison de la réduction des excursions professionnelles de whale watching.

Toutefois, un rapport sur les meilleures données scientifiques disponibles concernant l’effet des excursions, rédigé par la Washington State Academy of Sciences Committee on Acoustics and Disturbance, a conclu qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves sur le fait que ces visites guidées jouaient un rôle de sentinelle. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les excursions profitent aux orques, comme le prétendent les opérateurs de whale whatching, ou si elles sont en fait elles créaient plus de bruit et plus de perturbation, a constaté l’académie.

La perturbation est conséquente, selon un rapport préparé pour la commission par le Washington Department of Fish and Wildlife (WDFW). 

Crédit photo : ©Northwest Fisheries Science Center/The Canadian Press 

Les bateaux de whale watching représentent plus de la moitié des bateaux se trouvant à proximité des orques, et l’effet de la présence des navires augmente avec leur nombre, a constaté le ministère.

Le seul vote contre ces nouvelles règles est venu d’un commissaire qui ne voulait qu’un seul bateau à la fois, au lieu de trois, soit autorisé en présence des orques. 

Amy Windrope, directrice adjointe de la WDFW, a déclaré que le processus d’élaboration des règles était basé sur la science et équilibrait la valeur de l’industrie de whale watching en continuant à fournir un accès à l’observation des orques par bateau tout en offrant plus de temps de tranquillité aux orques résidentes du sud.

« Ils aident à l’éducation et à la mise en relation des gens avec les orques résidentes du sud, et cette règle maintient cette possibilité », a déclaré Mme Windrope. 

« L’observation des baleines à terre sur le « Whale Trail » offre également des possibilités d’observation dans toute l’aire d’alimentation des orques résidentes du sud », a-t-elle noté. 

Tim Regan, qui a pris sa retraite en 2013 après avoir été directeur scientifique puis directeur exécutif de l’U.S. Marine Mammal Commission durant 13 ans, a déclaré que la science est plus que suffisante pour justifier ces nouvelles restrictions.

En moyenne, et selon une analyse économique pour éclairer le processus de réglementation, l’industrie du whale watching a continué d’accroître sa rentabilité, et les orques résidentes du Sud ne représentent qu’une petite partie de l’industrie du tourisme.

Pour exemples, les flottilles de Colombie-Britannique, ont volontairement cessé toutes activités d’observation de cette population d’orques, et une analyse économique effectuée sur ces règles n’a révélé aucun impact significatif sur l’industrie.

« Tout porte à croire qu’il s’agit toujours d’une industrie viable, compte tenu de ces restrictions, a déclaré M. Regan. C’est ce que la conservation est censée faire. Nous devons changer notre façon de nous comporter. »

« Dans son esprit, ce règlement marque un virage vers une approche plus prudente, a noté Mr Regan, c’est une bonne chose pour une espèce à haut risque d’extinction.

« A bien des égards, j’aurais aimé avoir un meilleur résultat », a déclaré M. Regan. « Mais je dirais que la commission a fait son travail et qu’elle mérite des éloges pour avoir joué un rôle de leadership. »

Les orques résidentes du sud sont un écotype spécifique des orques originaires de la mer des Salish. Elles se nourrissent exclusivement de poissons, principalement de saumons Chinook (ou saumons quinnat). Avec le déclin extrême des populations de saumons chinook, le nombre d’orques résidentes du sud a chuté drastiquement.

Au dernier décompte officiel, il ne reste que 74 orques résidentes du Sud, la population la plus faible en 40 ans. Deux bébés sont nés en 2020 et une autre orque est gestante. Ce sont des raisons de se réjouir, mais cette population est grand danger, et sa survie est directement liée à la restauration du saumon chinook, poisson qui représente 50% de leur nourriture. Elle devrait pourvoir chercher leur nourriture sans être entravée par le bruit, car en plus de voir leurs proies principales diminuer chaque jour, elles sont dérangées pour chasser par la pollution sonore provoquée par les bateaux. 

Traduction : C’est assez ! d’un article de Lynda V. Mapes

Sources : 

👉 The Seattle Times

👉 Center for Biological Diversity 

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