C'est assez

Premier sanctuaire de bélugas au monde : L’histoire de Little White et Little Grey

Par Jessica Scott-Reid – Le 28 janvier 2020

Little White et Little Grey ont été capturés alors qu’ils débutaient à peine leur vie, 10 ans plus tard, ils sont préparés à retrouver la liberté !

Il y a dix ans, deux jeunes bélugas ont été capturés au large des côtes arctiques de la Russie et envoyés en captivité.


Les 2  bélugas ont tout d’abord été envoyés dans un centre de recherche côtière. Puis, ils ont été vendus à un parc marin chinois.

Ils y ont été dressés et exploités pour le spectacle, et dès lors, la vie de ces 2 bélugas, comme pour les milliers d’autres cétacés détenus actuellement en captivité, semblait bien sombre.

Mais leur destin a changé et, dix ans plus tard, les bélugas, aujourd’hui appelés Little White et Little Grey, sont devenues de célèbres pionnières, voire même des « ambassadrices » comme le décrit Andy Bool, directeur de l’organisation Sea Life Trust. Car bientôt, elles retourneront à la mer.


Sea Life Trust est le partenaire caritatif de Merlin Entertainment, une société basée au Royaume-Uni et connue pour ses attractions de divertissement, notamment les musées de cire de Madame Tussaud, les parcs Legoland et d’autres parcs à thèmes dans le monde entier.

Mais détenir des bélugas en captivité ne fait pas partie de l’idée que se fait la société du divertissement.
En 2012, Merlin rachète le Changfend Ocean World à Shanghai, où étaient détenues Little White et Little Grey et s’engage à mettre fin au spectacle de bélugas. Grâce à un partenariat avec Sea Life Trust et une autre ONG, Whale and Dolphin Conservation, un plan « pour trouver une solution alternative pour Little White et Little Grey » fut rapidement élaboré pour les « faire sortir de là et qu’elles retrouvent un environnement plus naturel. »
La tâche n’a cependant pas été facile, ni rapide. Little White et Little Grey ont été retenues en captivité durant tant d’années qu’on ne pouvait pas simplement les libérer. Il a donc fallu trouvé l’endroit idéal pour construire le premier sanctuaire au monde pour bélugas en pleine mer.
« Vous avez besoin d’un environnement qui corresponde étroitement à celui d’où elles viennent », explique Bool, « et qui leur offre un espace protégé afin de créer une zone sûre ». Il fallait également un emplacement qui permette la construction d’un centre de soins, « qui vous permette de mettre les animaux en quarantaine dès leur arrivée au sanctuaire, et vous donne également un autre espace sécurisé si, pour une raison quelconque, ils devaient rencontrer des difficultés ou tomber malades ».
Après quatre longues années de recherches, l’endroit parfait a finalement été trouvé, au large de l’île islandaise de Heimaey, dans la baie de Klettsvik. « La baie, déclare Bool, fait 32 000 mètres², soit environ 30 fois plus que l’espace d’où elles venaient à Shanghai. Elle peut également atteindre dix mètres de profondeur par endroits, donc beaucoup plus profonde que la piscine de Shanghai. Elle est entourée sur trois côtés par des falaises, qui l’abritent des pires conditions météorologiques », dit-il. « Cela nous a également permis de séparer cette partie de la baie de l‘océan par un filet afin de créer un espace sûr. Et pour couronner le tout, poursuit Bool, il y avait de la place pour cet établissement de soins si nécessaire, à 1400 mètres de la baie, à seulement sept minutes en bateau ».

C’est dans ce centre de soins que se trouvent aujourd’hui Little White et Little Grey. Après un voyage incroyable de plus de trente heures depuis la Chine, par route, par air et par ferry, et pour lequel les bélugas et leurs soignants ont dû se préparer, Little White et Little Grey ont débarqué en Islande l’été dernier. Les bélugas sont maintenant en quarantaine et s’acclimatent progressivement à ce qui les attend : leur prochain et dernier mouvement, le retour vers l’océan au printemps.
« Parce qu’elles étaient détenues dans un espace clos, dans une eau plus chaude », dit Bool, en parlant du parc marin chinois, « Elles n’ont pas une couche de graisse suffisante pour leur permettre de survivre dans la nature ». Les bélugas sont actuellement nourris avec une plus grande variété de poissons qu’elles mangeraient à l’état sauvage, afin que cette couche de graisse si importante épaississe. Elles apprennent également à renforcer leur endurance, à nager davantage et à passer plus de temps sous l’eau en retenant leur souffle. La température de l’eau diminue aussi progressivement pour atteindre ce à quoi elles peuvent s’attendre dans l’océan.
« Little White et Little Grey se comportent comme des bélugas », déclare Bool avec fierté. « Ils sont curieux, ils interagissent bien entre eux et veulent constamment être occupés. Lorsqu’elles seront dans la baie, elles auront la possibilité d’explorer, et elles verront des choses qu’elles n’ont pas revues depuis leur jeune âge ».

L’espoir est que, bien sûr, l’histoire de Little White et Little Grey ne soient qu’un début. Comme le fait remarquer Bool, « deux bélugas ne font pas un sanctuaire ».
Une fois qu’ils seront déplacés dans la baie, les deux seront étudiés pour voir dans quelle mesure ils s’adaptent et, en fin de compte, comment cette expérience pourrait être appliquée à d’autres cétacés en captivité.
« Bien qu’actuellement, il ne soit question que de Little White et Little Grey, et de leur offrir une vie naturelle alternative », un autre objectif est, selon Bool, de « démontrer que cela peut être fait » et de « suivre et montrer les changements positifs que cela entraîne pour les 2 bélugas ».

Bool appelle Little White et Little Grey des « ambassadeurs » pour les 300 autres bélugas en captivité, « et plus largement pour les 3000 cétacés captifs détenus dans le monde ».
Pour M. Bool, si le fait d’être le premier sanctuaire de bélugas au monde pose de nombreux défis, « il offre également de nombreuses possibilités de créer un modèle que d’autres pourront suivre ». 
Mais pour l’instant, Little White et Little Grey sont juste occupés à manger, à nager et à se préparer pour la dernière étape de leur voyage, le retour à la mer.
Traduction : C’est assez ! 
Crédit photos : ©Tesni Ward

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