C'est assez

Orques ou baleines tueuses ? – (Orcas ou Killer Whales)

par Shilpa Shah / Orca Guardians Iceland – 5 avril 2019


Les mammifères connus sous le nom d’« orques », « épaulards » ou « baleines tueuses » sont les super-prédateurs des océans. Ils se nourrissent de toute une variété d’autres animaux, des poissons, mouettes et pieuvres aux phoques, dauphins, requins et cétacés bien plus gros qu’eux (50 orques ont été récemment observées en chasse du plus grand mammifère de notre planète, la baleine bleue). La seule menace pesant sur eux : les humains et l’activité humaine.

De vraies prédatrices

Les orques sont dotées de puissantes mâchoires, jusqu’à 52 dents mortellement imbriquées, une puissante nageoire caudale avec laquelle donner de grands coups et une impressionnante vitesse de pointe de près de 50 km/h. Mais elles communiquent aussi entre elles pour réaliser un excellent travail d’équipe.

On raconte que les marins du 18ème siècle désignaient les orques comme des « tueuses de baleines », terme duquel vient peut-être le nom de « baleine tueuse » (Ballena asesina (« baleine assassine ») était le nom employé par les Espagnols). Orcinus orca, la désignation officielle de l’espèce, est un titre non moins féroce, signifiant « démon venant des royaumes des morts ».


Une dangereuse réputation

Lorsqu’il s’agit de tuer, les orques sont de vraies spécialistes. Leurs stratégies de chasse nous montrent à quel point elles peuvent être créatives et ingénieuses. Pourtant, les orques ont toujours eu une image négative dans nos sociétés occidentales. 
À l’époque de l’empire romain, elles étaient décrites comme des « monstres marins », d’« énormes masses de chair armées de dents redoutables ». Leur comportement alimentaire prédateur était interprété comme un acte violent et cruel, en particulier parce que certaines orques mangent des dauphins, autrefois révérés comme porteurs de bons présages.

Les orques ont été attaquées au cours des siècles, en particulier par les pêcheurs qui les considéraient comme des concurrentes pour le poisson et un danger pour eux-mêmes. Jusqu’aux années 1970, les manuels de plongée de la marine américaine décrivaient les orques comme « extrêmement féroces », « attaquant les humains à la moindre occasion ». Ce qui n’a aucun sens. Aucune attaque sur un être humain dans la nature n’a été recensée à ce jour. Ces magnifiques prédatrices ont été incluses dans les quotas d’abattage dans tous les océans du globe et ont même servi de cibles pour des essais de tirs militaires. Pendant longtemps, dans de nombreuses cultures, elles ont été considérées au pire comme des créatures mauvaises, au mieux comme des nuisibles. 

Leur réputation change à partir des années 1970

Capturer des orques devient populaire dans les cultures occidentales, à commencer par l’Amérique du Nord. Les gens ont alors pu observer l’intelligence des orques ainsi que leur chaleur et leur douceur envers les humains. Les orques se sont alors mises à jouir d’une nouvelle réputation, presque aussi dangereuses pour elles que celle de tueuses, étant alors perçues comme des animaux mignons et dociles, aimant exécuter des tours pour l’amusement des humains.

Les connaissances sur les orques se sont élargies, particulièrement grâce aux chercheurs les observant en mer. Nous avons découvert leurs liens familiaux très forts, leurs stratégies de chasse en groupe, leurs méthodes de communication. La captivité s’est alors révélée particulièrement cruelle et l’opinion publique s’est montrée de plus en plus critique envers les aquariums et parcs aquatiques.


Mais alors, quel terme utiliser ?

En une cinquantaine d’années, l’image publique de l’orque est alors passée du monstre marin à la superstar des parcs aquatiques et, enfin, à la mascotte de la protection de l’environnement. Mais il n’est pas surprenant que beaucoup se demandent s’ils doivent les appeler « orcas » ou « killer whales » (Orques ou baleines tueuses) . Chez Orca Guardians, nous utilisons les deux appellations. Mais au regard de la menace que font peser les activités humaines, la surpêche, les fermes piscicoles, la pollution et le dérèglement climatique sur la santé et la longévité de ces super-prédatrices et de toute la faune marine, il est important de nous demander qui sont les vrais tueurs dans l’histoire.

Personnellement je préfère le nom de « Skana » pour parler des orques, ce mot signifiant « démon tueur » ou « puissance surnaturelle » et utilisé par le peuple des Haïdas du Canada, qui avait compris et révérait leur nature et leurs capacités bien avant les populations occidentales. J’aime ce nom, car il reflète à la fois le profond respect et l’admiration que ces êtres évoquent en moi.

(Je me suis basée sur le livre de Erich Hoyt, ‘Orca: The Whale Called Killer’, 1981, et ces articles pour écrire cet article.)

Traduction : Sandrine Pantel pour C’est assez ! 

Source : https://orcaguardians.org/orcas-or-killer-whales/

Légendes :

Photo 1 – Une orque, un hareng clairement visible entre ses dents
Photo 2 – La nageoire caudale d’une orque, servant à assommer sa proie
Photo 3 – Une mouette inquiète à la vue de cette mâchoire faisant surface
Photo 4 – L’imposant Scoop (SN098), mâle observé récemment
Photo 5 – Les orques peuvent chasser les baleines, comme les cachalots
Photo 6 – Une orque en chasse courbant son dos pour plonger
Crédit photos : ©Shilpa Shah / ©Orca Guardians Iceland



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *