C'est assez

Tilikum, l’Orque de SeaWorld Sujet du Film ‘Blackfish’, Est Mourant

Cette orque bien connue, qui a noyé une dresseuse avant de devenir le sujet d’un film ayant déclenché une vague de protestations contre Sea World, est atteinte d’une infection mortelle.

L’orque, très populaire au SeaWorld d’Orlando et star du documentaire ‘Blackfish’, est en train de mourir, selon un communiqué du parc de loisirs. « Nous avons la tristesse d’annoncer qu’au cours des dernières semaines, Tilikum a adopté un comportement de plus en plus léthargique, et les équipes vétérinaires de SeaWorld craignent que son état continue de se détériorer », a annoncé le parc mardi dans un message publié sur son site internet.
« Notre devoir et notre passion sont de lui apporter les meilleurs soins possibles », a déclaré dans ce message Daniel Richardville, le responsable du dressage au parc.
Tilikum aurait 35 ans, ce qui est proche de la durée de vie moyenne d’une orque mâle – bien que des études montrent qu’ils peuvent vivre bien plus longtemps dans la nature – et semble être atteint d’une infection pulmonaire résistant aux traitements.
Tilikum a été transféré à SeaWorld depuis un autre parc marin situé à Vancouver, Sealand of the Pacific, lequel l’avait capturé au large des côtes islandaises en 1983. Il est à SeaWorld depuis 23 ans.
En février 2010, Tilikum a provoqué la mort de l’une de ses dresseuses, Dawn Brancheau, en l’entraînant sous l’eau devant un public horrifié, et c’était alors déjà la troisième fois qu’il était impliqué dans la mort d’une personne.
L’accident, qui a été filmé, a poussé la réalisatrice Gabriela Cowperthwaite à enquêter sur la façon dont sont traitées les orques maintenues en captivité dans des lieux tels que SeaWorld. 
« Tilikum a tué Dawn Brancheau, Daniel Hukes et Keltie Byrne. Il a vécu une existence misérable, autant avant qu’après ces évènements », a déclaré G. Cowperthwaite mercredi. « Mais parmi les éléments et circonstances qui ont mené à ces tragédies, rien n’a réellement changé, que ce soit pour lui, pour les dresseurs ou pour les autres orques. Seule la pression du public peut transformer cette histoire tragique en une histoire tragique dont on a tiré des leçons.»

Blackfish, son documentaire diffusé pour la première fois en 2013 au Festival Sundance, a braqué une lumière peu flatteuse sur ce qu’elle considère comme des tentatives ratées de camoufler des attaques d’orques captives sur des humains. Le documentaire suggère que les orques sont rendues psychotiques au point d’attaquer des êtres humains, par la cruauté et l’indignité de leurs conditions d’emprisonnement.
SeaWorld a réfuté toutes les allégations formulées dans ‘Blackfish’, indiquant dans un communiqué que « le film véhicule des informations mensongères, manipule les spectateurs au niveau émotionnel et repose sur des techniques cinématographiques discutables afin de créer des ‘faits’ allant dans son sens. » Le terme ‘propagande’ est également utilisé dans ce communiqué, et le point le plus contesté est le fait que Tilikum ait été ‘rendu fou’ par la captivité.
Cette réaction du parc eut cependant peu d’effet. Le public s’est massivement détourné de SeaWorld après la sortie de Blackfish, et en particulier après qu’il ait été vu par environ 20 millions de personnes lors de sa diffusion sur CNN. Cela aboutit à une chute vertigineuse du nombre de visiteurs et à une baisse de bénéfices de 10 millions de dollars pour le parc. Plusieurs artistes censés se produire en concert à SeaWorld, comme Willie Nelson, ont annulé leur prestation.
L’année dernière, en réponse à la réaction très négative du public après la diffusion de ‘Blackfish’, Joel Manby, le président de SeaWorld, a annoncé que les spectacles d’orques si controversés s’arrêteraient à la fin de l’année 2016, pour être remplacés par « une expérience toute nouvelle des orques focalisée sur leur environnement naturel. »
Dans un article rédigé pour The Guardian en 2015, Cowperthwaite a déclaré : « Les gens n’ont pas cessé d’aller à SeaWorld uniquement à cause d’un film, mais aussi parce qu’il semble que nous soyons entrés dans un processus de ‘recalibrage’ de notre vision du bien-être animal d’un point de vue éthique. (…) Confrontés à des vérités dérangeantes sur ce sujet, nous redéfinissons ce que cela signifie de se comporter de façon ‘humaine’. » 

Article original paru le 9 mars 2016 dans The Guardian. 
Traduction de Luce Boissel.

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