Les chercheurs connaissent relativement peu ces mystérieux cétacés qui vivent au large et se nourrissent à d’importantes profondeurs.
Le peu que nous connaissons sur eux recèle toutefois des informations fascinantes. Un peu de lumière sur ces mystérieux cétacés des profondeurs.
8 choses que vous ne saviez peut-être pas sur les baleines à bec !
1 – Les baleines à bec ne sont pas de la même famille que les dauphins.
Les baleines à becs constituent en fait une famille à part entière qui compte à ce jour plus d’une vingtaine d’espèces. Bien que leur museau et leur forme générale rappellent souvent ceux des dauphins, les baleines à bec ne font pas partie de la même famille qu’eux. En fait, elles sont taxonomiquement plus près du cachalot que des dauphins!
2 – La longueur des baleines à bec varie entre moins de 4 mètres et 13 mètres selon l’espèce.
La plus grande espèce de baleine à bec connue à ce jour est la baleine à bec de Baird, dont certains spécimens observés atteignaient près de 13 mètres, alors que les baleines à bec pygmées adultes, aussi appelées baleines à bec péruviennes, mesureraient en moyenne 3,9 mètres.
3 – Une baleine à bec détient le record de profondeur de plongée chez les cétacés.
Des chercheurs ont observé grâce à une balise, en 2014, un groupe de baleines à bec plonger à une profondeur de 2992 mètres, soit l’équivalent de près de dix fois la hauteur de la tour Eiffel, ce qui en fait le mammifère marin ayant plongé le plus profondément à notre connaissance. C’est plus que le record enregistré chez son cousin le cachalot macrocéphale, qui ne dépasse pas les 2000 mètres. Il est toutefois probable que cachalots et baleines à becs soient d’aussi bons plongeurs, puisqu’ils se nourrissent tous d’animaux trouvés à de grandes profondeurs.
4 – Elles sont friandes de calmars et autres céphalopodes.
Chez la plupart des espèces de baleines à becs, plus de la moitié de la diète est composée de céphalopodes, c’est-à-dire d’animaux invertébrés de la famille des calmars et des pieuvres. Chasseuses habiles, les baleines à bec aspirent leurs proies pour les attraper, étant donné la quasi-absence de dents dans leur bouche. On croit d’ailleurs que les deux plis qui se trouvent sous leur gorge et qui sont caractéristiques de ce groupe d’espèces serviraient justement à l’aspiration des proies.
5 – On découvre encore de nouvelles espèces.
Pas moins de deux nouvelles espèces de baleines à bec auraient été observées au cours des deux dernières années. L’an dernier, une équipe de chercheurs en expédition avec l’organisme Sea Shepherd aurait observé, au large de la côte ouest mexicaine, un type de baleine à bec dont les caractéristiques acoustiques et physiques semblent différer de toutes les observations passées. Les chercheurs croient qu’il s’agirait d’une nouvelle espèce. Une espèce de baleine à bec du genre Berardius, qu’on croyait précédemment être une sous-espèce de la baleine à bec de Baird, a également été identifiée au large du Japon par une équipe de chercheurs en 2019.
6 – Bien qu’elles soient des baleines à dents, elles n’ont pratiquement pas de dents.
Dans la majorité des cas, seuls les mâles adultes possèdent des dents fonctionnelles (plusieurs femelles et les mâles juvéniles ont des dents vestigiales sous leurs gencives), et ils n’en ont généralement que deux, situées sur leur mandibule, c’est-à-dire leur mâchoire inférieure. Deux genres de baleines à bec font toutefois exception à cette règle: les baleines adultes des deux sexes de type Berardius sont munies de quatre dents sur leur mâchoire inférieure, alors que mâles et femelles du genre Tasmacetus possèdent une bouche garnie de dents en haut comme en bas. Ces dents serviraient à l’agression entre mâles plutôt qu’à l’alimentation.
7 – Les mâles de plusieurs espèces de baleines à bec sont barbouillés de cicatrices.
Lors de la saison de la reproduction, les mâles de plusieurs espèces de cette famille s’infligent probablement d’importantes blessures avec leurs dents. L’objectif de ces affrontements ? Avoir accès aux femelles afin de se reproduire.
8 – On en sait assez peu sur les baleines à bec !
Les baleines à bec sont pélagiques plutôt que côtières, ce qui veut dire qu’elles vivent loin des côtes. Leur éloignement de la côte et le fait qu’elles plongent pour de longues durées expliqueraient en partie pourquoi ces animaux sont si rarement observés, et donc si peu connus en comparaison avec d’autres familles de baleines. Certaines espèces ont aussi tendance à se tenir loin des bateaux, et la plupart ont un souffle peu imposant et difficile à repérer, ce qui les rend particulièrement difficiles à observer. Plusieurs espèces n’ont même jamais été observées vivantes, mais seulement à l’état de carcasse.
L’orque est le plus grand ennemi des baleines à bec et ils les chassent qu’à proximité de la surface, car ils ont besoin de respirer fréquemment pour cette traque énergique. Les orques repèrent l’écholocalisation que les baleines à bec émettent pour trouver leur proie.
Note :Les baleines à bec entrent en « mode furtif » pour échapper aux orques.
Les baleines à bec sont d’ailleurs connues pour leur vulnérabilité aux sonars militaires de détection des sous-marins, avec des morts en masse liées aux manœuvres navales dans plusieurs sites à travers le monde.
C’est à l’origine pour cette raison qu’une équipe de chercheurs d’Espagne, des Pays-Bas, d’Écosse et du Danemark étudiaient ces cétacés.
Ils ont ainsi découvert comment cette peur des orques a conduit les baleines à bec près d’El Hiero dans les îles Canaries à adopter une stratégie efficace, mais coûteuse qui les rend essentiellement invisibles aux orques : des plongées de recherche de nourriture profonde très synchronisées et des remontées silencieuses et imprévisibles.
Les chercheurs nomment cela la « synchronisation extrême de plongée ».
Malgré une chasse individuelle, les baleines à bec coordonnent soigneusement le moment où elles plongent et refont surface, ainsi que le moment et la durée de leur bruit d’écholocalisation.
En restant silencieuses jusqu’à 450 mètres, les baleines réduisent alors les risques d’alerter les orques habituées à fréquenter les eaux peu profondes. Elles ont ensuite le champ libre pour aller chasser tranquillement.
Cette stratégie de survie est très coûteuse pour les baleines à bec. Les chercheurs ont en effet calculé que ces plongées de chasse profondes réduisent le temps de recherche de nourriture de plus de 35% par rapport aux stratégies de plongée peu profondes utilisées par d’autres baleines à dents. Mais visiblement, c’est le prix à payer pour éviter d’être mangées.
Ce comportement n’a pas été observé chez les autres baleines plongeant en profondeur et il a probablement évolué pour la raison spécifique de se protéger, des orques en particulier, car ils ont une excellente ouïe pour détecter les sons que les baleines à bec doivent émettre pour trouver de la nourriture.
Sources : Baleines en direct / Science Post
Crédit photos :
Photo 1 : Inconnu
Photo 2 : N. Aguilar Ull