C'est assez

Les Vaquitas sacrifiés à des fins politiques

La décision du gouvernement fédéral de supprimer une zone d’interdiction de pêche dans le golfe supérieur de Californie entraînera probablement l’extinction du « marsouin vaquita marina » en danger critique d’extinction ! 

La semaine dernière, le Mexique annonçait officiellement qu’il abandonnait sa politique de maintien d’une zone de pêche de « tolérance zéro » qui a été mise en œuvre pour protéger le vaquita, dont il resterait moins d’une douzaine d‘individus.

La zone de « tolérance zéro » qui avait été mise en place pour protéger le vaquita a été remplacée par une échelle mobile de sanctions si plus de 60 bateaux sont repérés à plusieurs reprises dans la zone où vit également le totoaba, un poisson dont la vessie natatoire est considérée un mets délicat en Chine et se vend à des milliers de dollars le kilogramme.

De nombreux vaquitas, le plus petit marsouin du monde, sont morts après s’être empêtrés dans des filets destinés à capturer le totoaba.

©Picture-Alliance / AP Photo / Omar vidal

Kate O’Connell, consultante marine à l’Animal Welfare Institute (AWI), basé à Washington DC, a déclaré qu’elle craignait que la décision la zone de « tolérance zéro » ne sonne « le glas » pour le vaquita. 

« Le plan qui a été proposé par le Mexique convertira ce qui devrait être une simple zone d’interdiction d’accès en une zone d’application complexe avec différents niveaux de surveillance et de dissuasion, en fonction de la quantité de pêche illégale qui a lieu dans la zone. » a-t-elle dit.

La pêche au filet maillant est toujours techniquement interdite dans cette partie du golfe de Californie – le seul endroit au monde où vivent les vaquitas – mais continuera néanmoins après l‘abandon de l‘interdiction dans cette zone.

« Les autorités mexicaines de la pêche indiquent qu’elles ne sont pas en mesure ou ne veulent pas faire tout ce qui est nécessaire pour sauver le vaquita et sont prêtes à accepter un certain niveau d’activité de pêche au filet maillant », a déclaré Mme O’Connell.

Vaquita victime des filets dérivants © Marina Vaquita Observer Program
« La surveillance et l’application à cent pour cent de l’interdiction de pêcher ne s’appliqueront qu’une fois que plus de 50 navires illégaux seront vus, ou que plus de 200 mètres de filets maillants illégaux seront trouvés dans la région », a-t-elle déclaré.

Malgré son pessimisme quant aux perspectives du vaquita, Kate O’Connell a déclaré qu’il y avait une « légère lueur d’espoir » pour le mammifère marin « si un arrêt complet de la pêche aux filets maillants était envisagé dans cette région ». 

« Les quelques vaquitas restants semblent être en bonne santé, et un certain nombre de bébés ont été observés ces dernières années par des chercheurs », a-t-elle déclaré.

Andrea Crosta, directeur exécutif de Earth League International, une ONG qui a enquêté sur le trafic de totoaba, a déclaré que les marsouins n’avaient aucune chance de survie à moins que le gouvernement mexicain ne réussisse à éliminer les cartels de totoaba.

« La décision d’abandonner l’application de la tolérance zéro pourrait profiter aux pêcheurs locaux, mais les commerçants internationaux de totoaba – dont la plupart sont des ressortissants chinois – récolteront les plus grands bénéfices », a t-il déclaré .

Vessies natatoires de Totoaba 

« Ils gagneront une tonne d’argent avec encore moins de risques qu’avant », a-t-il poursuivi. Crosta a déclaré que l’abolition de la zone d’interdiction de pêche était motivée par des considérations politiques, bien que cette décision ne gagnera pas le soutien des Mexicains soucieux de l’environnement.

« Je pense que l’administration populiste actuelle au Mexique ne se préoccupe que des électeurs – certainement pas de la protection de l’environnement et des espèces menacées si cela entrave le gain politique » a-t-il déclaré. 

« Et si le vaquita s’éteignait, je suis sûr que l’administration actuelle au Mexique blâmera l’administration précédente. »

La Sea Shepherd Conservation Society, qui effectue des patrouilles dans le golfe de Californie depuis 2015, a déclaré qu’elle « restait déterminée à empêcher l’extinction du vaquita » et prévoyait de retourner dans la région dès que possible pour reprendre ses efforts de retrait des filets maillants. 

O’Connell a déclaré que l’AWI, le Center for Biological Diversity, l’Environmental Investigation Agency et le Natural Resources Defense Council ont tous lancé des appels urgents à la communauté internationale pour « fournir un soutien logistique et financier au Mexique et faire pression sur le gouvernement au moyen de sanctions commerciales et autres actions afin de garantir que le vaquita soit sauvé ». 

Le président López Obrador a déclaré fin juin que les sanctions contre le Mexique n’affecteraient en rien les décisions de son gouvernement en matière d’environnement, car « nous avons [déjà] suffisamment de convictions pour qu’il y ait une justice et pour défendre réellement l’environnement, et non pas de manière simulée ou en faisant semblant ».

Mais quelques semaines plus tard, son gouvernement modifiait les règles de pêche dans la partie haute du golfe de Californie, une décision qui semble condamner le vaquita à l’extinction et remet en question ces convictions.

Note : 

👉Le marsouin Vaquita est l’une des 100 espèces les plus menacées au monde et elle se rapproche plus que jamais de l’extinction. 

Chaque année, la population de ce mammifère marin endémique du golfe de Californie ne cesse de décliner et atteint désormais un seuil critique. Alors qu’environ 600 individus étaient répertoriés en 1997, un programme de surveillance acoustique menée dans la région révélait que la population globale a chuté de 98% depuis 2011. Elle atteindrait désormais moins d’une douzaine d’individus. 

En 2005, le gouvernement mexicain a transformé une partie du golfe de Californie en un refuge pour marsouins du Pacifique. Mais la population a continué à chuter, passant à moins de trente individus en 2016. 


Incapable de protéger cette espèce de marsouins à l’état sauvage, le gouvernement mexicain a tenté de les protéger en captivité. 

En 2017, une équipe internationale composée de scientifiques, de vétérinaires et d’environnementalistes s’est réunie au Mexique pour mettre en place VaquitaCPR, un projet de plusieurs millions de dollars visant à transférer la moitié des marsouins du Pacifique restants dans des enclos protégés jusqu’à ce que leur sécurité à l’état sauvage soit assurée. L’équipe a capturé deux femelles, mais lorsque celles-ci ont commencé à montrer des signes de stress, elles ont été relâchées. L’une d’entre elles n’a pas survécu et le projet VaquitaCPR a été interrompu. 

Matthew Podolsky, biologiste de la faune, affirmait alors que « même si ce marsouin du Pacifique n’était pas mort et que l’opération de capture avait porté ses fruits, le problème initial resterait le même » : les braconniers désespérés, les cartels avides et les fonctionnaires corrompus se soucient davantage de capturer des totoabas que de protéger les marsouins du Pacifique.

👉Le totoaba est une espèce de poisson endémique du golfe de Californie. Il est victime d’un braconnage massif en raison de sa vessie natatoire. L’espèce  est en danger critique d’extinction.
La vessie natatoire est la petite poche gonflée d’air qui permet aux poissons de flotter. Dans la médecine traditionnelle chinoise, on lui prête des vertus esthétiques ou encore médicales.« La vessie natatoire est composée d’une protéine. Mais c’est comme la corne de rhinocéros, il n’y a absolument aucune valeur thérapeutique. C’est une bêtise d’exploiter cet organe pour en faire un soi-disant médicament ». 


Plus l’espèce s’effondre, plus elle devient rare et plus les prix augmentent. Ça atteint des prix astronomiques, de 20.000 à 80.000 dollars le kilos de poids sec. Ce sont des prix identiques à ceux de la cocaïne, c’est une marchandise illégale. La vessie natatoire est composée d’une protéine. Mais c’est comme la corne de rhinocéros, il n’y a absolument aucune valeur thérapeutique. C’est une bêtise d’exploiter cet organe pour en faire un soi-disant médicament » – Philippe Cury (expert en biologie marine). 

Traduction : C’est assez ! 

Source : Mexico News Daily

Autre source : National Géographic

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