C'est assez

La NOAA approuve un plan visant à transférer des bélugas captifs dans le Connecticut.

21 septembre 2020 – Un article de Bethany Augliere, pour Hakai Magazine 

Après un an et demi de délibérations, le National Marine Fisheries Service (NMFS) de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) aux États-Unis a approuvé la demande du Mystic Aquarium, dans le Connecticut, d’importer cinq bélugas captifs du Marineland Canada, un parc d’attractions situé à Niagara Falls en Ontario.

Le Mystic Aquarium souhaite que ces bélugas soient utilisés pour la recherche scientifique et affirme que leurs efforts contribueront à la gestion et à la conservation de la population de bélugas sauvages menacés de Cook Inlet (Alaska) et de la population de bélugas de la baie de Sakhaline, de la baie de Nikolaya et de la rivière Amour, espèce inscrite sur la liste des espèces menacées.

Ces cinq cétacés rejoindront les trois bélugas qui vivent déjà au Mystic Aquarium. 

La délivrance du permis de cinq ans par la NOAA s’accompagne d’un certain nombre de restrictions importantes. 

Il sera interdit à l’aquarium de faire reproduire les bélugas, de les utiliser dans des programmes interactifs avec le public, telles que des séances de photos, ou de les dresser pour les spectacles. 
Toute décision concernant le transfert de ces animaux au Georgia Aquarium d’Atlanta – partenaire inscrit sur le permis – sera prise par la NOAA à une date ultérieure. 

Le gouvernement canadien devra également approuver le plan avant qu’il puisse être mis en œuvre. 

Cette demande du Mystic Aquarium, controversée par les associations de protection animale, a été faite pour la première fois en mars 2019. 

Elle a d’abord été accueillie par un fort rejet du public et des ONG, dont l’Animal Welfare Institute (AWI). Mais Naomi Rose, une scientifique spécialiste des mammifères marins de l’AWI, affirme que les restrictions de la NOAA l’ont fait changer d’avis.
« Nous pensions juste que ce serait une décision binaire – qu’ils allaient délivrer le permis ou non », déclare Naomi Rose. « Nous sommes en fait agréablement surpris et nous ne nous opposerons pas au permis ».
Les restrictions ajoutées à ce permis aident la NOAA à éviter un certain nombre de problèmes soulevés par des scientifiques comme Naomi Rose, des membres du public et l‘US Marine Mammal Commission. 
L’opposition à ce transfert provenait des préoccupations concernant le bien-être des bélugas captifs, ainsi que des inquiétudes sur ce que leur transfert représenterait.Les cinq bélugas en question sont nés en captivité, mais ils sont les descendants de bélugas de la population de la baie de Sakhaline, de la baie de Nikolaya et de la rivière Amour. 
Certains ont exprimé leurs inquiétudes quant au fait que le transfert perpétuerait la demande de ces mammifères marins par l’industrie internationale de la captivité, ou que les études sur la reproduction proposées par le Mystic Aquarium était une excuse pour élever des animaux en vue d’une exposition au public.

La parenté de ces bélugas est importante car, en vertu de la loi américaine sur la protection des mammifères marins (MMPA), les mammifères marins provenant de populations épuisées ne peuvent pas être utilisés uniquement pour être exposés au public.
Avant la décision de la NOAA, il n’y avait aucune certitude sur le fait de savoir si un seul parent issu d’une population en danger signifiait que la progéniture serait également désignée comme telle.
Brady O’Donnell, chargé de communication et d’affaires législatives à la US Marine Mammal Commission (MMC), a déclaré que son département avait recommandé à la NOAA « d’adopter une politique pour résoudre ce problème ».

Dans ce cas, la NOAA a décidé de traiter ces cinq bélugas comme faisant partie d’une population épuisée. 
Selon Naomi Rose, cela signifie que si ces bélugas avaient des petits, ce qui ne devrait pas se produire car ce serait une violation du permis, ils devraient également être traités comme s’ils étaient en voie de disparition et ne pourraient pas être légalement utilisés pour être exposés au public.
Selon le MMC, l’aspect le plus troublant concernant la proposition du Mystic Aquarium était que l’entreprise avait l’intention de faire se reproduire ces bélugas. 
Le MMC a suggéré que « si le NMFS délivrait un permis, il devait inclure une condition exigeant que le Mystic Aquarium ou toute autre installation où des bélugas sont détenus prennent des mesures pour empêcher la reproduction », ce qu’il a fait. 
Conformément aux restrictions de la NOAA, le Mystic Aquarium doit fournir un plan de contraception avant de pouvoir importer ces cétacés.
Cependant, un point reste à éclaircir concernant ce qui devrait se passer en cas de grossesse accidentelle. La grossesse sera-t-elle interrompue ? La progéniture sera-t-elle transférée et exposée au public ?
« Aucune contraception n’est efficace à 100 % », déclare Naomi Rose ; c’est pourquoi elle reste préoccupée et c’est également pour cette raison que l’AWI fera un suivi auprès de l’agence pour obtenir des éclaircissements sur cette question.
Au total, la NOAA a reçu plus de 9 500 commentaires pour et contre cette demande. Kate Goggin, porte-parole du NMFS, a déclaré par courriel que l’agence « a examiné et pris en compte avec soin tous les commentaires du public liés à cette demande de permis et a pris les meilleures informations disponibles pour prendre une décision afin de s’assurer que ce permis réponde aux exigences de la MMPA et des règlements d’application de l’agence ».
Randall Reeves, un scientifique spécialiste des mammifères marins et président de l’International Union for Conservation of Nature’s Cetacean Specialist Group, est satisfait du résultat. 
« C’est formidable que les États-Unis disposent d’une législation forte et d’un système réglementaire compétent qui exige de ces institutions qu’elles respectent des normes élevées en matière de soins aux animaux, qui s’étendent à la manière dont des décisions comme celle-ci sont prises », a-t-il dit. 
« À mon avis, le Mystic Aquarium s’est imposé depuis des décennies comme l’un des meilleurs lorsqu’il s’agit d’intégrer les multiples missions de sensibilisation, d’éducation et de facilitation de la recherche scientifique. »
En fin de compte, la NOAA a autorisé sept des huit projets de recherche proposés par le Mystic Aquarium, dont le développement de méthodes pour l’évaluation de la santé et de l’état corporel des bélugas sauvages, l’étude des effets de l’activité humaine sur leur système auditif et immunitaire, et la recherche concernant leur physiologie de plongée.
La NOAA n’a pas autorisé l’étude relative à la reproduction, la jugeant inutile pour la conservation des populations menacées et décimées.
Traduction : C’est assez ! 
Crédit photos : 

©Oleksiy Maksymenko Photography/Alamy Stock Photo
©Tara Walton/Getty Images


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