Le 21 août 2020 – Par Richard O’Barry – Fondateur du Dolphin Project
Il existe des critères généraux pour la réhabilitation et la remise en liberté des dauphins captifs dans la nature. Mais pas de guide complet ou de livre de recettes.
C’est impossible car chaque dauphin captif est unique, et a besoin de son propre protocole.
Les dauphins réagissent différemment à la captivité. Certains ont subi plus de maltraitances que d’autres. J’ai travaillé avec des dauphins qui, de retour dans la mer, se sont très vite souvenus qui ils étaient ou et ce qu’ils étaient avant leur capture.
D’autres avaient besoin de plus d’aide, de plus de temps. La partie la plus importante de mon travail, c’est donc la patience. Je dois simplement m’asseoir et observer les dauphins avec un esprit clair et ouvert, leur permettant de me montrer la meilleure façon de les aider à retrouver leur identité de fureteurs opportunistes, sauvages et libres.
Parce que chaque dauphin captif est différent de chaque autre de mille façons différentes, en renvoyer un dans la nature, son habitat naturel, relève donc plus de l’art que de la science.
APERÇU
Au cours de ces cinquante dernières années, j’ai participé à la réhabilitation et à la libération de plus de deux douzaines de dauphins.
Cela ne veut pas dire que tous les dauphins captifs peuvent ou doivent être renvoyés dans leurs habitats naturels. Mais tous les dauphins captifs peuvent être réadaptés à un environnement plus naturel, à un lagon marin naturel, par exemple.
Cela permet aux dauphins de vivre aux rythmes naturels de la mer, des marées, des courants et de voir des poissons vivants. Tout cela est thérapeutique et améliore la qualité de vie du dauphin. Permettre à un dauphin de retrouver son environnement marin naturel est une partie essentielle du processus de réhabilitation, et à ce stade, le dauphin peut être candidat à la libération en fonction de plusieurs facteurs :
1. Santé et condition physique
2. Utilisation du sonar
3. Capacité d’attraper des poissons vivants
4. Compétences défensives face aux prédateurs
De nombreux dauphins captifs nés dans ce que nous appelons « la nature » sont des candidats à la libération. Mais pas tous.
Certains dauphins sont trop imprégnés par l’humain et ils ont oublié ou perdu les compétences nécessaires pour survivre dans ce qui était autrefois leur maison. L’habitat dicte le comportement. La captivité a détruit quelque chose de vital dans leur vie, quelque chose que nous appellerions l’« esprit » s’ils étaient humains. Pour eux, il est trop tard.
Il y a quelques années, par exemple, j’ai eu l’occasion d’étudier un dauphin à Nassau, aux Bahamas. Ce dauphin était détenu en captivité depuis longtemps et il était devenu fou. Ils l’appelaient «Big Boy» et il passait la grande partie de son temps à se cogner la tête contre l’entrée en bois de son enclos marin.
D’un côté de la porte se trouvait la zone où il était protégé, admiré et observé avec fascination, parfois par des centaines de personnes. Il était nourri avec tout ce qu’il voulait manger et il était clairement le maître de son monde.
De l’autre côté se trouvait la mer, sa demeure naturelle. Et, un jour, alors que je le regardais se cogner la tête contre la porte, je me suis demandé s’il serait possible de le réadapter à nouveau à la nature.
Que se passerait-il si nous le laissions simplement partir ?
Autrefois, au Miami Seaquarium, quand nous n’avions plus besoin d’un dauphin en particulier, nous le mettions dans une civière, nous le transportions jusqu’à la digue et nous le jetions simplement dans la baie de Biscayne. Dans l’industrie de la captivité, cela s’appelle « Dump and Run » . C’est-ce qui est arrivé à Pedro, par exemple, un énorme dauphin mâle qui est devenu trop difficile à manipuler. Comment il s’est débrouillé dans les eaux au large de Miami, personne ne le sait.
Mais Big Boy était un tout autre de dauphin, avec des problèmes. La captivité en avait fait un handicapé mental. Si nous pouvions le réadapter, pensais-je, nous pourrions réadapter n’importe quel autre dauphin. Mais plus je l‘observais, plus je me rendais compte qu’il était trop tard. Il en avait trop subi.
Je ne parle pas de mauvais traitements. Je n’ai jamais vu personne maltraiter délibérément Big Boy. En fait, j’ai vu le contraire. Ce que j’ai vu c’était un excès d ‘« amour ». Tout le monde voulait être avec lui, le toucher et lui parler; bref, tout le monde voulait « aider » ce vieux grand dauphin. Mais personne ne savait comment faire. Et ainsi, jour après jour, toujours souriant mais plein de rage, le grand dauphin se cognait la tête comme pour se libérer; un dauphin stressé qui était si peu coopératif, imprévisible, méfiant et dangereux, un dauphin rempli de tant de haine que je savais que je ne pourrais jamais rien faire avec lui.
Qu’est-ce qui a causé cela ? L’intervention humaine et le stress. Cela joue toujours un rôle majeur dans la mort des dauphins captifs. Le stress est le résultat d’un espace insuffisant, d’un trop grand nombre de visiter et d’avoir été obligé à faire le clown trop longtemps. C’est aussi le résultat d’avoir eu à vivre dans un monde artificiel, un monde sans marées, sans les goûts et les sons de l’océan, et sans rien qui rend normalement la vie digne d’être vécue.
Lorsque nous essayons de transformer les dauphins en « animaux de compagnie », cela ne fonctionne jamais. C’est difficile à réaliser quand cela se produit. Le dauphin semble vouloir être un animal de compagnie. Il sourit toujours – il semble rire. Il cherche à nous caresser et à jouer avec. Tout comme un vrai animal de compagnie. Mais ce n’est qu’une illusion. Les dauphins sont des animaux à jamais sauvages, créés par la nature pour jouer un rôle dans la nature, pas pour jouer à des jeux idiots dans une petite piscine pour notre divertissement.
Les dauphins nés en captivité font, apparemment, exception à cette règle. Il n’y a pas de « retour » dans leur habitat naturel, parce qu’ils n’en ont pas. Quelques-uns de ces soi-disant « dauphins d‘élevage » ont été « entraînés » pour agir comme des dauphins sauvages et ils ont été relâchés en mer. Mais tant que cette procédure n’aura pas été soigneusement contrôlée au fil du temps, nous devrions examiner chaque cas individuellement.
CONNAÎTRE LES DAUPHINS DANS LA NATURE
La clé de la réhabilitation et du retour des dauphins captifs dans la nature est de savoir à quoi ressemble un dauphin dans son habitat naturel. Si vous savez cela, il vous est possible de reconnaître le comportement acquis des dauphins détenus en captivité.
Quels sont-ils ?
Assistez à un spectacle de dauphins pendant cinq minutes et vous verrez pratiquement tout. Lorsque le dresseur arrive avec un seau de poissons morts, le dauphin vient et nage en rond. Il saute hors de l’eau avec excitation, retombe et se met sur le dos, pagayant avec sa caudale et battant ses nageoires pectorales comme s’il applaudissait. Lorsque Le dresseur s’accroupit pour prendre un poisson, le dauphin nage vers lui et quémande de la nourriture, émettant des sons grinçants et secouant la tête de haut en bas, ne montrant aucune peur même face des centaines de spectateurs qui le regardent.
Tout ces comportements sont appris. Les dauphins sauvages ne font jamais ces choses dans la nature car elles seraient sans intérêt et sans pertinence. Cependant, lorsque nous réadaptons un dauphin captif, ces comportements appris sont assez significatifs. En effet, nous devons en prendre note car lorsque nous préparons le dauphin pour qu’il réapprenne à vivre dans son environnement naturel, nous pouvons suivre ces progrès au fur et à mesure en éliminant ces comportements les uns après les autres.
METTRE FIN A UN COMPORTEMENT
Lorsque nous parlons de « mettre fin » à des comportements appris en captivité, il semble que nous jetions de l’eau sur un feu. En fait, nous ne récompensons tout simplement plus le dauphin quand il agit ainsi. Il a appris ces comportements en premier lieu parce qu’il était récompensé pour le faire.
Lorsque le dauphin nage jusqu’à la zone d’alimentation, relève la tête et la balance de haut en bas tout en faisant des bruits grinçants, nous le récompensant en retour pour chacun de ces comportements en lui lançant un poisson. C’est ainsi que vous renforcez le comportement d’un dauphin. Alors maintenant, si nous voulons arrêter ce type de comportement, nous arrêtons de le récompenser. Et très vite, le dauphin arrête de se comporter ainsi. Parce que nous ne le récompensons plus, c’est un comportement inutile, sans importance ici, et dans le monde dans lequel nous voulons qu’il vive. Encore une fois, l’habitat dicte le comportement. Dans le même temps, le comportement qui a une valeur de survie dans la nature est renforcé et le dauphin, avec le temps, est prêt à retourner à son habitat naturel.
Lorsque je forme une équipe pour m’aider à réhabiliter un dauphin, je leur dis que notre travail de base est de « responsabiliser » le dauphin. Je leur explique que quand un dauphin est capturé, il perd son identité, ses facultés. Il est comme un prisonnier. Et c’est à nous de lui rendre son autonomie. Je leur explique que pour permettre au dauphin de retrouver sa juste place, il y a trois choses à garder à l’esprit
1.* Supposez que vous ne savez rien
2. Maintenir une observation soutenue
3. Prendre en compte l’évidence
Ce sont des instructions subtiles et très difficiles à suivre, en particulier la première et surtout pour les dresseurs de dauphins. Avant que les dresseurs puissent entrer dans l’arène, ils doivent apprendre à se débarrasser de leur propre comportement. C’est difficile pour eux parce que toute l’expérience qu’ils ont acquis l’a été pour créer des spectacles avec les dauphins, et maintenant c’est pour eux, la « réadaptation du spectacle ». Ils veulent en faire partie, mais, parfois, ils semblent s’attendre à des applaudissements. C’est juste l’inverse de la façon dont nous préparons un dauphin à vivre dans son monde naturel. Nous ne faisons pas de spectacle. Nous organisons un non-spectacle, et moins nous faisons, mieux c’est.
Il n’y a pas de raccourci vers la phase d’observation soutenue. Il ne s’agit pas là de recherche, mais de technique. Il faut manger avec les dauphins, dormir avec eux, être constamment avec eux. Nous appelons cela « le temps des dauphins ». Comment l‘apprendre? Pas simplement en lisant sur le sujet. Vous devez l’expérimenter.
Comme pour toute autre chose, que ce soit la science ou l’art, vous apprenez à le faire quelqu’un d‘expérimenter. Ensuite, vous savez quand vous êtes en phase avec eux. Vous pouvez le sentir. S’ils gagnent dix livres ou en perdent dix livres, vous le savez. Nous devons savoir exactement ce qui se passe avec les dauphins, pas ce que nous pensons qu’il se passe. Pour la plupart des gens, ce n’est pas facile pour la plupart des gens.
Comme un exercice de relaxation, c’est non verbal. Nous nous perdons et ne devons faire qu’un avec le dauphin. Quand je le fais, je vis dans une tente à côté des dauphins et je fais partie du paysage, je sui un arbre parmi les arbres, une feuille flottant sur l’eau ou un héron qui va et vient, tout simplement. Quand je ne réponds pas au « comportement appris » des dauphins, ils finissent par abandonner. Et tout ce que je fais, je le fais sans dire un mot. Bien sùr, je dois faire des rapports, cela et les quelques indications que je donne parfois sont les seules exceptions. Mais vivre avec les dauphins, dans le silence, vous donne un aperçu des dauphins qui, je pense, est nécessaire pour les comprendre et les aider à redevenir ce qu’ils sont.
Nous pensons déjà savoir déjà qui sont ces dauphins, par exemple, parce que nous leur avons donné des noms, nous savons d’où ils viennent, ce qu’ils mangent et combien ils pèsent. Mais rien de tout cela ne nous dit qui ils sont vraiment.
Pour les connaître à ce niveau, il faut aller au-delà des mots. Au-delà des descriptions.
Il s’agit d’éliminer tous les mots et toutes les théories trompeuses sur ce que nous faisons. Lorsque nous nous débarrassons de nos réflexions antérieures, que nous rejetons nos théories pour les remplacer par ce que nous savons avec certitude grâce à notre observation prolongée, nous pouvons commencer à voir les dauphins tels qu’ils sont vraiment et mieux évaluer leur capacité de survie dans la nature.
Avant que quoi que ce soit ne puisse être fait, l’ensemble de la « Méthode de Libération » doit être en place.
Cette méthode comprend trois parties :
1 – Les bonnes personnes,
2 – Le processus de réadaptation et de libération,
3 – Le suivi post-libération.
LES BONNES PERSONNES
Le Directeur de la Réhabilitation et de la Libération, une autorité reconnue, connaît les dauphins aussi bien en captivité que dans leur habitat naturel. Il ou elle se doit d’être une autorité parce qu’une grande partie de son travail est de traiter avec les autorités locales et fédérales et le public par l’intermédiaire des médias.
Il ou elle doit également avoir une expérience pratique concernant l’élevage de mammifères marins, les soins, l’alimentation et le transport des dauphins captifs.
Le gestionnaire de projet gère le personnel et les affaires quotidiennes, ce qui comprend la tenue de dossiers et la documentation du projet, ainsi que le processus de gestions pour les autorisations requises. Il doit également identifié un site de libération approprié et organisé l’étude de la population des dauphins résidents à proximité du site.
Les aides et les volontaires participeront activement aux études de population et au suivi des dauphins après leur libération. Ils sont responsables de la collecte adaptée de poissons vivants pour les dauphins.
Le Vétérinaire Responsable, un vétérinaire spécialiste des mammifères marins, devra évaluer la santé et la forme physique des dauphins, être présent pendant le transport et être disponible en cas d’urgence.
RÉHABILITATION & LIBÉRATION
Faut-il obligatoirement ramener les dauphins à l’endroit même où ils ont été capturés ? C’est souvent souhaitable, mais pas toujours nécessaire.
Par exemple, si un dauphin mâle est capturé à un très jeune âge et retiré de son groupe familial, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il rejoigne ce groupe plusieurs années plus tard. Même s’il n’avait pas été capturé, il ne resterait probablement pas avec son groupe d’origine, car les dauphins mâles arrivés à maturité rejoignent normalement un nouveau groupe ou forment leur propre groupe, qui peut, parfois être un groupe de célibataire, avec des groupes de femelles et leur progéniture, ou les deux. mâles et femelles voyageant ensemble. On peut aussi parfois avoir des dauphins singuliers qui choisissent d’être seuls, ou qui ont été bannis de leur groupe.
C’est donc une erreur de penser que nous devons ramener les dauphins à l’endroit même où ils ont été capturés. En fait, si l’eau dans laquelle ils ont été capturés est devenue polluée ou empoisonnée durant leur absence, ou si les poissons qu’ils avaient l’habitude de manger étaient moins abondants, nous ne voudrions pas les y ramener.
Une recherche documentaire approfondie indique qu’il n’y a pas de documentation scientifique empirique pour étayer l’affirmation selon laquelle les dauphins doivent être renvoyés à l’endroit exact de leur capture.
Les dauphins sont tout à fait capables de s’adapter et peuvent facilement s’habituer à un nouveau lieu de vie s’il est similaire à leur lieu de capture, similaire en termes de marées, de courants, de températures de l’eau, d’approvisionnement alimentaire et de prédateurs potentiels.
Notre équipe s’arrangera pour capturer suffisamment de poissons locaux vivants pour que les dauphins puissent s’entraîner à les attraper et les manger. Des tests de qualité de l’eau de la région auront également été réalisés et seront disponibles.
L’ALIMENTATION
L’une des tâches les plus importantes de la réhabilitation des dauphins captifs est de maintenir un régime alimentaire approprié.
L’objectif principal est, pour eux, de conserver un poids corporel approprié en ne se nourrissant que du poisson vivant. Il s’agit d’un processus progressif qui peut être envisagé en quatre étapes :
1. Encouragez les dauphins à manger la tête sous l’eau.
2. Éliminer l’interaction avec celui qui les nourrit en variant les heures et les lieux d’alimentation.
3. Les dauphins ne mangeant que du poisson vivant.
4. Et redevenir des fouineurs opportunistes.
Dans la phase 1, toutes les activités sont effectuées à partir d’une station d’alimentation fixe, les poissons vivants ou morts ne seront donnés que lorsque les dauphins ont la tête sous l’eau. Nous continuons à les nourrir avec des poissons morts, tout en incluant des poissons vivants afin de les familiariser. Les poissons sont lancer au hasard, sur de courtes distances, puis en augmentant progressivement cette distance tout en décourageant les dauphins de se nourrir la tête hors de l’eau.
Lors de la phase 2, nous sevrons progressivement les dauphins de leur régime alimentaire habituel en lançant des poissons morts et vivants dans différents endroits et à des horaires différents. Nous restons alors derrière une bâche pour empêcher les dauphins de nous voir. Nous ne voulons pas qu’ils associent l’alimentation à celui qui les nourrit. Nous lançons toujours des poissons vivants vers le centre de l’enclos pour que les dauphins aient une meilleure chance de les attraper avant qu’il ne s’échappe par la clôture.
Au tout début, il est parfois nécessaire de plonger les poissons dans de l’eau glacée pour les ralentir, ce qui augmente les chances d’une chasse fructueuse pour les dauphins.
L’alimentation devient alors plus aléatoire et incertaine. Nous jetons désormais des poissons morts et vivants, derrière un cache, à toute heure de la journée, y compris tôt le matin et après la tombée de la nuit. Dans l’eau, nous avons un hydrophone qui nous permet de surveiller l’utilisation du sonar par les dauphins pour trouver des poissons, en particulier des poissons vivants. Nous pouvons comparer les enregistrements audio des prises confirmées durant la journée avec celles de nuit.
Nous augmentons le nombre de séances d’alimentation, tout en diminuant la quantité de poissons par séance. Ces séances d’alimentation sont courtes et rapides, et se font à partir d’endroits variés et à toute heure de la journée, décourageant ainsi les dauphins de chercher celui qui les nourrit.
Dans la phase 3 (nourrir les dauphins uniquement avec du poisson vivant), nous devons d’abord nous assurer que nous pouvons fournir suffisamment de poissons vivants pour les dauphins. Nous avons besoin d’une bonne source d’approvisionnement en poissons indigènes sur le site de libération du dauphin. Nous analysons leur valeur nutritionnelle et, en nous évaluons le régime alimentaire global des dauphins, tout en tenant compte de l’énergie utilisée pour chasser les poissons vivants.
Tout en continuant à nourrir les dauphins à divers moments de la journée et à différents endroits, nous augmentons alors la proportion de poissons vivants. Lorsque les dauphins mangent principalement des poissons vivants, nous introduisons ces derniers par groupes de 10 ou 15 individus. La création de ces bancs de poissons ajoute du réalisme et oblige les dauphins à sélectionner la proie qu’ils chasseront.
Enfin, vient la phase 4. Durant cette phase, nous supprimons l’élément humain de l’alimentation et encourageons les dauphins à se nourrir seuls. Nous introduisons constamment des poissons vivants dans l’enclos et suivons le taux de consommation des dauphins, en remplaçant finalement les poissons morts par des poissons indigènes vivants tels que le mulet dans leur alimentation. Lorsque les dauphins sont prêts à sortir de l’enclos, ils le montrent très clairement à ceux qui peut lire leur langage corporel.
LE SUIVI APRÈS LA LIBÉRATION
Afin de faciliter leur identification visuelles, les dauphins auront subit un cryomarquage (marquage à froid) durant la phase de réadaptation, les dispositifs de suivi par radio-émetteur étant jugés invasifs et être à l’origine d’infections futures. Les appareils de radio-télémétrie ne se sont pas avérés fiables par le passé.
Lorsque vous relâchez un dauphin, tout doit être aussi naturel que possible. Tout au long de ce processus, nous mettons en place une équipe de suivi composée de personnes évoluant sur l’eau, de pêcheurs et de navigants par bateaux. Nous leur parlons en personne.
Nous leur disons ce que nous faisons à chaque étape, en particulier sur le cryomarquage fait sur la nageoire dorsale. Les pêcheurs et les navigants ne font pas partie de l’univers de l’industrie de la captivité des cétacés, ce sont des gens de la mer. Si vous expliquer aux pêcheurs ce qui se passe, ils seront de la partie. Ce n’est pas comme s’ils rejoignaient quelque chose. Ils en sont déjà partie prenante. Ils connaissent les dauphins qu’ils voient tous les jours comme ils connaissent leurs propres enfants.
Plus tard, quand nous relâchons enfin le dauphin captif, quand ils l’observent en train de nager, ils nous le signalent et nous l’enregistrons, nous enregistrons qui a repéré le dauphin, où et quand, dans quelle direction il allait et avec qui ou combien de compagnons. Nous nous intéressons tout particulièrement à tout comportement qui serait inhabituel.
Si le dauphin mendie de la nourriture, par exemple, cela ne signifie pas que c’est un échec. Cela signifie que nous devons éloigner les gens. Lorsque le dauphin est libéré pour la première fois, c’est un moment particulièrement crucial. Il traverse une période d’adaptation. Il pourrait même manquer un repas. Jusqu’à présent, nous l’avons nourri régulièrement, tout ce qu’il le voulait. Il est gras et impertinent. Maintenant, il doit se nourrir seul. C’est le principal ajustement pour le dauphin. Et nous devons nous écarter de son chemin et le laisser pour que cela arrive.
Laisser ce moment crucial se produire, c’est tout l’intérêt de la réhabilitation et de la libération. Au début, nous recevons tous les jours des informations sur ses allées et venues. Parfois plusieurs fois par jour. Nous avons une carte sur laquelle nous traçons tous ses déplacements. Sur la carte, un jour il est ici, là un autre jour. Des graphiques représentent ses trajets. Cela signifie que le dauphin développe sa propre vie. Et après un certain temps – si nous le laissons tranquille – il établira un nouveau domaine vital pour une vie naturelle, libre à nouveau.
* Supposer que l’on ne sait rien signifie simplement qu’il ne faut pas supposer que le dauphin candidat peut ou ne peut pas être relâché avec succès dans la nature. En d’autres termes, il faut garder l’esprit ouvert
Traduction : C’est assez !
Source : Dolphin Project
Crédit photos : ©Dolphin Project