C'est assez

Le massacre silencieux des dauphins roses d’Amazonie

Green World Warriors – 18 décembre 2018

Jusqu’à ces dernières décennies, le boto était protégé dans une certaine mesure grâce à des légendes et à des superstitions. 

Mais il est de plus en plus chassé pour sa chair et sa graisse, utilisées par les pêcheurs pour attirer les poissons-chats qui rencontrent un succès commercial croissant

Le massacre des botos a commencé dans les profondeurs de la jungle amazonienne au début des années 2000. Les bébés dauphins n’ont pas été épargnés, pas plus que les femelles en gestation dont les jeunes ont été découpés dans le ventre de leur mère comme un morceau de chair morte dans une boucherie.

Sans une hésitation, ni même un soupçon de remords, les bébés sont arrachés de l’utérus maternel. 

Le Brésil a depuis décrété l’interdiction de cette chasse, cependant les braconniers ne s’arrêtent pas et au Pérou, les botos sont massacrés juste pour servir d’appât.

Les dauphins roses de l’Amazonie ou botos (Inia geoffrensis) sont capturés par les pêcheurs du fleuve pour appâter de plus petites espèces de poissons d’une plus grande valeur commerciale tel le piracatinga ou poisson-chat, qui se régale de chair pourrie d’animaux morts, en l’occurrence le dauphin.
Depuis les années 2000, de nombreuses carcasses de botos éventrés, découpés en quartiers, privés de leur chair sont trouvées sur les berges. Un seul dauphin constitue un appât de choix gratuit pour 500 kilos de poisson-chat et une source de revenus faciles pour les pêcheurs. Les botos, peu craintifs et curieux, se laissent facilement approcher.

Tout le monde est au fait des massacres de dauphins du Japon, mais qu’en est-il des massacres qui se perpétuent en Amazonie ? 

Lorsque le gouvernement fédéral a imposé une interdiction temporaire en 2013, tout semblait revenir au calme. Malheureusement, l’interdiction de chasser a été levée et de nombreux autres dauphins ont été tuées en août 2018. Au mois d’août de la même année, le Brésil a imposé une interdiction totale de cette chasse, mais cela n’a pas empêché les braconniers et les chasseurs qui descendent le fleuve amazonien de continuer ces massacres.

Durant le second semestre de 2014, plus de 3500 botos ont été abattus. 


L’interdiction de pêche du piracatinga au Brésil, entrée en vigueur en 2015, a permis de réduire la chasse de ces dauphins dont la chair sert d’appât. Mais ils restent encore beaucoup à faire. En outre, le braconnage perdure également au Pérou, en Équateur, au Venezuela, en Colombie, en Bolivie, en Guyane, au Surinam et en Guinée française…
Soixante pour cent de la forêt amazonienne se trouve au Brésil. Ce pays abrite donc plus de dauphins roses de l’Amazone communément appelés Botos que tout autre pays d’Amérique du Sud. Les Botos vivent dans les rivières et les lacs amazoniens et pénètrent dans la forêt inondée en haute saison.
L’Amazonie, et en particulier la forêt inondée, sont des habitats menacés. Depuis les années 1980, le taux de déforestation et d’exploitation de la forêt amazonienne pour l’exploitation minière, l’exploitation forestière, les installations humaines et l’élevage du bétail a considérablement augmenté. Ces activités commerciales constituent une grave menace pour les populations autochtones et la faune sauvage de la région.
Il faut 10 ans pour qu’un boto se reproduise
Chaque année, dans la « Réserve de Développement Durable de Mamirauà », au Brésil, la population de marsouins communs diminue de 7,5%. 
Un facteur aggravant, les pêcheurs préfèrent les jeunes dauphins, qui n’atteignent pratiquement jamais l’âge de procréer. Il faut 10 ans à un dauphin mâle pour atteindre l’âge de procréer et à la femelle entre 6 et 7 ans. La gestation dure entre 11 et 13 mois. De plus, la jeune mère nourrit ses petits pendant deux ans.
L’abattage des jeunes dauphins a un impact énorme sur les espèces de dauphins du fleuve Amazone. Même avec une interdiction, toutes les espèces seront anéanties si le monde ne s’unit pas maintenant pour imposer une interdiction totale de cette chasse au Venezuela, au Pérou, en Colombie, en Bolivie, en Guyane, au Surinam et en Guinée française.
L’alimentation des dauphins de l’Amazone se compose principalement de piracatinga, un poisson-chat carnivore mangé par les habitants et les tribus indigènes. Les pêcheurs les considèrent comme des concurrents pour la pêche, qui nourrit leur famille. 
Pour pêcher le piracatinga, les pêcheurs ont besoin chaque année de 
4 500 Botos. 
Alors, pourquoi les ONG du monde occidental ne dénoncent-elles pas ce massacre ? Fondamentalement, cette méthode de pêche du piracatinga, qui est illégale uniquement au Brésil depuis août 2014, n’a commencé qu’en 2000. Et bien que cette pratique soit à 100% illégale, les gouvernements et les organismes chargés de l’application de la loi ne font rien pour l’arrêter.
Lorsque les pêcheurs capturent les dauphins de l’Amazone, l’abattage de l’animal est généralement effectué sur place, afin que la carcasse ne pourrisse pas trop vite. Elle est ensuite placée dans des caisses en bois dont les pêcheurs se servent pour capturer le poisson piracatinga.
Les caisses contenant les morceaux de viande de dauphins sont ensuite mises à l’eau. Les pêcheurs attendent et les piracatingas se déplacent pour se régaler de la carcasse en décomposition du dauphin mort. Ce sont alors des cibles faciles pour les pêcheurs. Il a été largement rapporté par certains magazines, articles et médias que le Brésil avait effectivement interdit cette pratique, ce qu’ils ont fait à partir de juillet 2014. Cependant, c’est une pratique qui est toujours en cours depuis 2000.

Les écologistes étaient ravis d’apprendre l’interdiction mise en place par le gouvernement brésilien, qui possède la plus grande partie de la forêt amazonienne. 

« C’est la plus grande interdiction de pêche mise en place depuis 1967, année de l’adoption des lois brésiliennes sur la protection de la faune », déclare Jone César de Friends of the Manatee Association (Association des amis du lamantin), un groupe de protection de la nature basé à Manaus, au Brésil.

Le fait que le Brésil ait interdit cette pratique ne signifie cependant pas que, par exemple, dans les rivières de l’Équateur ou du Pérou, lieu où résident également les dauphins roses, et qui n’est pas sur le territoire brésilien, les pêcheurs poursuivront leur commerce.

En outre, jusqu’à ce que l’interdiction brésilienne soit intégralement appliquée, on s’attend à ce que les pêcheurs tuent des milliers de Boto de plus afin de les stocker pour une pêche ultérieure. Mais il y a des braconniers qui peuvent et qui feront fi de cette interdiction, et ce qui s’est déjà malheureusement vu par le passé.
Selon les conclusions d’une étude de scientifiques brésiliens parue dans la revue PLOS ONE en mai 2018, « les résultats sont extrêmement inquiétants et montrent des taux de déclin parmi les plus élevés jamais mesurés pour une population de cétacés depuis les débuts de la chasse moderne à la baleine », ont souligné les chercheurs. 

Il existe 2 espèces de dauphins qui vivent dans l‘Amazone : 
– Le dauphin rose de l’Amazone, appelé également Boto 
– Le dauphin de l’Orénoque, connut également sous le nom de Tucuxi

Autrefois considérés comme abondantes dans le bassin amazonien, ces 2 espèces ont vu leur nombre diminuer de moitié chaque décennie depuis 1994

Des scientifiques ont étudié ces populations durant les 20 dernières années. 
La population du dauphin rose de l’Amazone (Boto) a chuté de 94 % entre 1994 et 2017, et celle du dauphin de l’Orénoque (Tucuxi) de 97 %.

Après avoir été écarté de la liste des espèces en danger durant 10 ans, les dauphins de l’Amazone ont de nouveau été classés « en danger » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) sur la « Liste rouge » publiée en novembre 2018.

Si ce déclin se poursuit, les dauphins d’eau douce disparaîtront de la surface du globe d’ici à 50 ans.

Note : Au cœur de l’Amazonie, les gens sont, pour la plupart, indifférents à ces massacres. Sur un marché de Santarém, on peut acheter des parties génitales de dauphin en guise de porte-bonheur pour les questions de sexe et d’amour. Des bocaux d’huile de dauphin voisinent avec de l’huile d’anaconda et de crocodile. La potion d’huile de dauphin, qui coûte dans les 25 dollars [environ 17 euros] la petite bouteille, servirait à soigner les rhumatismes. 

Traduction : C’est assez !


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