C'est assez

Première rencontre avec les orques

Auteur : Sandrine Pantel (Pour C’est assez) – 8 mars 2019
L’Islande est le pays qui a su m’enchanter et bouleverser ma vie de bien des manières.
Je m’y suis rendue pour la première fois l’année dernière, au mois de février. Malgré les conditions climatiques extrêmes, ce pays rude et sauvage m’a immédiatement fascinée, de par ses paysages sortis tout droit d’un autre monde, sa lumière si particulière et le sentiment de domination totale de la nature sur cette île magnifique.
Une orque nageant près du bateau – Crédit photo : ©Orca Guardians Iceland
Puis au mois de juin, la chance incroyable s’offre à moi d’y retourner une seconde fois et de participer à un circuit en bateau d’observation des cétacés. Pour être sincère, je ne m’intéresse alors absolument pas aux orques, tout simplement parce que je ne les connais pas. J’adore l’océan et je suis particulièrement consciente de l’importance de préserver ses écosystèmes et ses populations d’espèces aussi incroyables que variées, dauphins, baleines, requins…

Mais je n’ai pas encore fait la connaissance des orques. Je n’ai encore jamais lu de livres ou regardé de documentaires à leur sujet… je n’ai même pas vu le célèbre film Sauvez Willy pendant mon enfance ! C’est avec l’espoir immense de croiser la route des baleines que je monte sur le bateau, mais le sentiment prédominant est tout d’abord une grande déception.
Pas de géante bleue nageant près de notre bateau ou émergeant de la surface pour retomber dans une immense gerbe d’eau… Seulement le vent, l’eau relativement calme sous un ciel blanc, de nombreux oiseaux, macareux et fous de Bassan… L’excitation première se dissipe peu à peu pour laisser place à l’impression amère d’une opportunité manquée, celle d’une rencontre qui aurait pu être la rencontre d’une vie.

Marie, notre guide, profite de tout ce temps pour nous expliquer tout ce qu’elle sait sur les mammifères marins vivant dans les eaux au large de la péninsule de Snæfell, tout en jetant régulièrement des coups d’œil autour du bateau pour tenter de repérer une gerbe d’eau, un souffle ou un aileron dorsal à l’horizon.

Notre patience est alors soudainement récompensée : un cachalot a été repéré par un autre bateau ! Une baleine, nous allons voir une baleine pour la première fois… Notre navire se dépêche de rejoindre l’autre et, une fois sur place, stoppe à bonne distance, ni trop près pour ne pas déranger l’animal, ni trop loin pour nous permettre d’apercevoir distinctement son dos émergeant de l’eau. Le cachalot plonge soudain et nous laisse entrevoir, l’espace d’un instant, sa nageoire caudale. La baleine disparaît déjà de notre vue, mais quelle vue !

La nageoire caudale d’un cachalot lors de son plongeon final sous nos yeux

Il est alors déjà temps pour nous de faire demi-tour et de retourner au port. Ce cachalot solitaire semble être alors notre unique aperçu de l’incroyable faune peuplant les eaux islandaises.
Le silence s’installe et nous ressentons malgré nous un mélange de tristesse et de regret, tout en sachant bien que la nature ne peut se plier à notre volonté. Marie tente alors de nous réconforter en nous offrant une tasse de thé. Mais alors que nos espoirs se réduisent à néant, elle émerge de la cabine, le sourire aux lèvres : « Le thé devra attendre, un autre bateau a repéré un groupe d’orques tout près ! »
Une orque mâle, la première que nous apercevons
Quelle chance inespérée, à la dernière minute de notre expédition ! Je ne connais pas les orques et ne sais donc pas du tout à quoi m’attendre. Je ne réalise pas que les orques se déplacent en groupes familiaux et je ne m’attends pas à être aussi émue que je ne le suis finalement lorsque nous les rencontrons enfin. Leur vision me coupe le souffle et me donne les larmes aux yeux, en particulier lorsque je pense aux autres orques emprisonnées dans de minuscules bassins de béton de par le monde.
Elles se nourrissent autour de nous, émergeant et plongeant dans un ballet infini et harmonieux, à la recherche des harengs qu’elles affectionnent particulièrement dans cette région. Elles reconnaissent le bateau au bruit de son moteur et ne nous fuient absolument pas. Je réalise alors leur intelligence, leur proximité ainsi que les liens qui les unissent. Je me sens infiniment privilégiée de pouvoir les admirer en pleine nature et de passer un moment en leur compagnie. Marie nous explique qu’une des orques femelles du groupe n’a pas encore de nom et que nous pouvons alors la baptiser : Maya parcourt désormais les eaux islandaises aux côtés de sa famille et j’espère recroiser son chemin un jour !
Le bateau s’éloigne progressivement et je reste sur le pont pour les garder en vue le plus longtemps possible, prenant une dernière photo, l’aileron dorsal d’une orque se détachant sur l’horizon. Voici l’histoire du jour où j’ai rencontré les orques et où j’en suis tombée amoureuse. Il suffit d’une rencontre dans la nature pour ressentir le besoin irrépressible de les protéger.
De retour en France, je propose immédiatement mes services à l’association C’est Assez ! et j’adopte une orque de la communauté des résidentes du Nord au Canada. Mais je veux faire plus, bien plus. Je prends alors la décision de consacrer mes prochaines vacances à la protection des orques.
Une autre orque mâle près de notre bateau
Et c’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui en Islande, pour trois semaines de bénévolat à bord des bateaux de Láki Tours à Grundarfjörður, car c’est grâce à eux que cette aventure a pu commencer. La guide et spécialiste des orques, Marie, est également fondatrice de l’association Orca Guardians Iceland, dédiée à l’étude et à la protection des orques. Les méthodes de ces deux structures sont extrêmement respectueuses des animaux : code de conduite strict pour les déranger le moins possible lors des circuits, méthodes de recherche et d’étude non invasives (Marie se base uniquement sur les photos prises lors des circuits pour recenser les orques et étudier leurs comportements), ce qui est extrêmement important pour moi. Je ne peux que recommander Láki Tours à toutes celles et ceux qui souhaitent se rendre en Islande et avoir la chance d’entrer, pour un instant, dans le monde des orques et
des baleines tout en étant sûrs des méthodes éthiques et respectueuses des personnes impliquées, véritablement passionnées et soucieuses de partager toutes leurs connaissances sur le monde des cétacés.
Qui sait, je serai peut-être présente pour vous accueillir en français sur le bateau.
(Pour ceux qui ne souhaitent pas se rendre aussi loin, vous pouvez également adopter une orque islandaise via le site de Orca Guardians Iceland, en apprendre davantage sur les orques grâce aux photos et documents qui sont envoyés par e-mail et contribuer ainsi à faire vivre l’association pour lui permettre de poursuivre son travail de recherche et de sensibilisation !)
Crédit Photos : ©Sandrine Pantel 

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