C'est assez

Le raz-de-marée des parcs marins chinois alimente le commerce trouble des cétacés

Par Farah Master, traduction: Sylvain Duprat et Julie Labille pour C’est Assez!  
Six des neuf orques détenues au Chimelong Kingdom Ocean. Où sont passées les trois autres? Ces orques ne sont, pour le moment, pas visibles pour le public. Elles seront exhibées au cours du deuxième semestre de 2019. Crédit photo: China Orca News
Selon plusieurs scientifiques, directeurs et activistes, les spectacles de cétacés comme ceux du Chimelong Ocean Kingdom, situé à Zhuhai sur la côte Sud de la Chine, se multiplient dans les nouveaux parcs marins à travers le pays, stimulant la demande en espèces protégées.
Les orques et les bélugas se retrouvent parmi les animaux marins pris au piège d’un commerce obscur dans lequel les cétacés, souvent capturés illégalement, se vendent pour des millions de dollars.
Des parcs marins et des aquariums ouvrent chaque mois en Chine, avec plus de 36 projets à grande échelle qui devraient être lancés dans les deux prochaines années. Ce phénomène se produit tandis qu’aux États-Unis et en Europe, la tendance est à l’arrêt des spectacles d’animaux vivants en raison de l’opposition généralisée.
« Nous avons fait de grands progrès dans la fermeture des parcs marins dans les pays occidentaux, mais la Chine se dit : ‘C’est mon tour maintenant’, », a déclaré Ric O’Barry, fondateur du Dolphin Project, un groupe de défense des cétacés.
Attirées par l’essor du tourisme intérieur, des sociétés telles que Haichang Ocean Park, Guangzhou R & F Properties, Dalian Shengya et Chimelong Group sont les fers de lance de la croissance rapide du secteur.  
Le Shanghai Ocean World de Haichang, qui doit ouvrir ses portes en novembre, et le Ocean Kingdom de Chimelong préparent pour la première fois des spectacles d’orques en Chine.
Ric O’Barry, qui a autrefois capturé et entraîné des dauphins et des orques avant de se lancer dans la lutte contre la captivité des cétacés dans les années 1970, a déclaré que la Chine était le principal moteur de cette industrie dans le monde. Plus de 60 parcs marins opèrent en Chine, de petites installations s’ajoutent généralement à de grands projets de parcs marins comme le Chimelong, ont déclaré des dirigeants des parcs.
Chimelong, Haichang, Dalian Shengya, le groupe Zhonghong et Rizhao Ocean Park n’ont pas répondu aux multiples demandes de commentaires à ce sujet. R&F, un des plus grands groupes immobiliers chinois, a déclaré que son futur centre de villégiature ne comprendrait que des cétacés capturés à l’état sauvage issus de sauvetage ou provenant de zoos et d’aquariums réputés.

Béluga au Harbin Polarland. Crédit photo: Women of China.cn
Les villes initient souvent des projets de parcs marins pour améliorer leur visibilité et offrent aux promoteurs de vastes étendues de terrain et des prêts bon marché pour les construire. 
Noble Coker, Président de Apex Parks and Entertainment Services, entreprise qui accompagne les parcs d’attractions en Asie, a déclaré que la construction de parcs aquatiques arrivait au second plan dans l’ensemble des opérations d’achat de terrain auprès des autorités municipales.
Les promoteurs profitent du développement rapide et des ventes de biens immobiliers résidentiels ou commerciaux, dit-il, et les parcs aquatiques sont rentabilisés par la vente de biens immobiliers.
« Ces mêmes promoteurs sont motivés par les gains à court terme. Ils prennent rarement, voire jamais, en considération l’impact moral et éthique sur les 20 prochaines années du parc ou de l’aquarium qu’ils construisent », affirme Coker.
CAPTURES ILLÉGALES
Selon China Cetacean Association (Association des Cétacés de Chine), 872 cétacés, dont des orques, des dauphins et des marsouins, ont été mis en captivité en Chine depuis 2014.
Il n’existe actuellement aucune réglementation locale ni norme internationale pour surveiller le commerce, a déclaré Lucio Conti, vice-président des installations maritimes d’Atlantis Sanya, une station balnéaire située dans la province tropicale de Hainan, en Chine.
Conti a déclaré qu’Atlantis travaillait avec le gouvernement pour établir des normes de bien-être animal à un moment où le commerce illégal d’espèces sauvages menacées se développe.
« Si vous allez voir les pêcheurs de l’île, ils peuvent vous procurer tout ce que vous voulez. Ils peuvent vous procurer un requin baleine, ils peuvent vous procurer toutes les espèces, en danger ou non, car il n’existe aucun contrôle. »

Requin-baleine dans l’aquarium de la ville de Yantai. Crédit photo: AFP/Getty
Le Ministre de la Culture et du Tourisme chinois a soumis une demande de commentaire auprès de l’administration forestière et agricole du pays, en charge des problématiques liées à la faune sauvage.
Cette dernière a renvoyé la balle à l’organe public en charge des océans qui, à son tour, a renvoyé la balle au Ministre des Ressources naturelles. Ce dernier a renvoyé la demande au ministre de l’Agriculture et de la ruralité, qui n’a, à ce jour, fait aucun commentaire.
De nombreux parcs marins chinois présentent des requins-baleines, des bélugas, des dauphins et des raies manta. Mais aucune orque – ou épaulard, identifiable par ses couleurs noires et blanches – n’a été exhibée publiquement jusqu’à présent.
Selon la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction, au moins 13 orques russes ont été capturées puis importées en Chine entre 2013 et 2016. Deux autres ont été envoyées en 2017 et d’autres devraient être importées cette année, selon Oxana Fedorova, responsable de Dolphin Project Russie.
La CITES n’a pas révélé les entreprises impliquées.
Le groupe Whale and Dolphin Conservation, basé au Royaume-Uni, a déclaré que Chimelong Ocean Kingdom possède neuf orques, Shanghai Haichang Polar Ocean World en a quatre et deux autres à Wuxi Changqiao Ocean Kingdom.
La Russie, qui est le seul fournisseur d’orques sauvages et de bélugas en Chine, a annoncé en juillet une enquête sur la vente illégale de 7 épaulards.
Quatre sociétés ont été impliquées dans la vente des orques en Chine, selon un communiqué du bureau du procureur général russe. Le communiqué n’indiquait pas le nom des sociétés concernées, ni la destination des orques.
La Russie a approuvé un quota de capture de 13 orques en 2018. Plusieurs épaulards ont déjà été capturés en mer d’Okhotsk en Russie, ont indiqué des militants qui ont surveillé la chasse en août.
« Le problème est la demande qui est créée en Chine », a déclaré Fedorova, qui a participé au travail de surveillance organisé par Ocean Friends. Selon elle, l’équipe de sept personnes dont elle faisait partie a été menacée, cambriolée et s’est faite tirer dessus par les chasseurs d’orques.
Les activistes ont déclaré qu’ils étaient incapables de filmer les captures car les chasseurs ont abattu leur drone.
Cependant, une image prise par Ocean Friends montrait des containers sur un navire russe nommé Jurii Shvezov dans lesquels se trouvaient deux orques.
Un représentant de Kupets, la société propriétaire du navire, a reconnu que Kupets était impliquée dans le transport des orques mais ne les avait pas capturées. Elle a refusé de commenter davantage.
DES ANIMAUX « JETABLES »
Naomi Rose, une scientifique spécialiste des mammifères marins établie à Washington, au Animal Welfare Institute, a affirmé que les captures étaient insupportables et inhumaines.
Elle a ajouté que la perspective de profits élevés entretiendrait la criminalité.
« Là où il y a beaucoup d’argent en jeu – en l’occurrence un animal qui vaut plusieurs millions de dollars – il y aura forcément des crimes et du danger. »
Une fois en captivité, le taux de mortalité est extrêmement élevé, ont déclaré les militants. Cela oblige les entreprises à racheter continuellement des animaux marins.
« Ils souffrent en captivité. Surtout les orques, ils sont les plus inadaptés à la vie en bassin. Leur mode de vie appartient à l’état sauvage », a déclaré Taison Chang, Président de la Hong Kong Dolphin Conservation Society.
Les conditions de détention sordides et les pratiques en matière de bien-être animal médiocres suscitent de plus en plus d’inquiétudes face au flot croissant des parcs marins.
En juin, par exemple, une vidéo mise en ligne montrait un soigneur d’Ocean World, dans la ville portuaire de Dalian, en Chine, qui appliquait du rouge à lèvres rouge vif sur un béluga. La société s’est ensuite excusée et a promis de renforcer les mesures de protections envers les animaux, selon les médias locaux.
Les activistes s’inquiètent du fait que lorsque les grands parcs marins chinois commenceront leurs spectacles d’orques, un « effet domino » se produira dans les parcs plus petits et moins expérimentés du pays, qui verront là encore une aubaine financière et importeront donc eux aussi des orques.
Peng, un visiteur du parc Ocean Kingdom a assisté au spectacle des bélugas avec sa femme et son fils. Il ne savait pas que les bélugas étaient en danger et a beaucoup aimé le spectacle : « Je ne trouve pas que ce soit cruel. Ils les nourrissent et ne les maltraitent pas. »

Carte des parcs marins en Chine, les points bleus représentent ceux qui sont déjà construits, les points turquoise ceux qui sont en construction. Crédit image: Reuters

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COMMENTAIRE DE C’EST ASSEZ!
Il est important de diffuser l’information, important que le grand public ait conscience que les cétacés et les animaux marins sont des espèces sensibles, intelligentes, sociables, nécessaires à la biodiversité et à l’océan. 
Leur place est dans l’océan et non dans un parc marin, nous n’avons aucun droit sur eux, nous n’avons pas le droit d’arracher quelques individus à des familles, des groupes sociaux où les liens sont uniques et forts, dans l’unique but d’enrichir des personnes malveillantes, nous n’avons pas le droit de les enfermer dans des bassins minuscules où ils sont malheureux, développent des comportements anormaux et des maladies, dans le but de nous divertir, nous et nos enfants. 

Merci aux lecteurs de cet article, merci à eux de partager et d’informer leur entourage, seul un boycott de ces parcs sera efficace, le combat est difficile, loin d’être gagné, mais ils méritent que l’on se batte pour leur liberté.

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