C'est assez

Les dauphins du moulin rouge



De 1968 à 1984, le célèbre cabaret parisien le Moulin-Rouge proposait des numéros et revues avec des dauphins.

C’est en 1968 que le Moulin-Rouge inaugure son  » strip-tease au dauphin  » : une plongeuse nage dans l’aquarium et le dauphin lui dégrafe son soutien-gorge. Il y aura jusqu’à trois dauphins ensemble dans le bassin pourtant minuscule pour de tels animaux.

Ils appartiennent à un Suisse, M. Bruno Lienhardt, propriétaire de plusieurs delphineries en Europe. Très vite, les protecteurs de la nature s’émeuvent du sort de ces dauphins, affaiblis par l’inaction, la peau entaillée de blessures, parfois à peine visibles dans une eau opaque.

En 1978, c’est le drame. Un employé italien meurt électrocuté en nettoyant l’aquarium. L’un des dauphins a la colonne vertébrale cassée et mourra quelques semaines plus tard dans un aquarium de Port-Barcarès (Pyrénées-Orientales).

En 1980, des écologistes préviennent les douanes : deux dauphins viennent d’être importés d’Allemagne par le Moulin-Rouge. Une forte mortalité oblige à remplacer fréquemment les cétacés. Les deux dauphins sont saisis par les douanes. La saisie est toute théorique, car les animaux restent dans leur aquarium.

Le Moulin-Rouge est condamné à une forte amende. Mais le music-hall continue à importer des dauphins pour remplacer ceux qui meurent victimes de nécroses pulmonaires.

Cette même année, Wendy, la plongeuse anglaise qui exécutait le numéro depuis plus de dix ans, quitte le cabaret. Désormais, la rotation des plongeuses va être aussi rapide que celle des dauphins.

Cependant, un arrêté du 24 août 1981 réglemente la détention des cétacés. Les bassins doivent avoir des dimensions convenables (800 m2 au sol) et comporter des brosses pour que les dauphins puissent s’y gratter.

Le Moulin-Rouge ne respectant pas ces conditions, l’association Greenpeace commence par s’adresser au secrétariat d’État à l’environnement qui tolère une telle situation. Puis elle dépose son recours contre la préfecture de police, à laquelle elle réclame 10 000 francs (1500€) d’indemnité.

A l’approche de l’audience, le Moulin-Rouge a préféré supprimer son numéro de dauphins. Ceux-ci ont été envoyés en Belgique. Ils ont été remplacés par les exhibitions de deux naïades.

Source Le Monde : https://www.lemonde.fr/archives/article/1984/10/29/le-bocal-du-moulin-rouge_3006464_1819218.html

Photo : Jean-Claude Deutsch

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