Article de Sarah V. Schweig publié sur le site The Dodo le 18 août 2016.
Lolita, orque solitaire du
Miami Seaquarium (USA), capturée en mer à l’âge de 4 ans, a passé les 46
dernières années enfermée dans le plus petit bassin pour orque des Etats-Unis. Elle
n’a pas vu un seul de ses congénères depuis 26 ans.
Un nouveau témoignage,
jusqu’alors confidentiel, a récemment été rendu public ; il révèle qu’elle
est non seulement l’orque la plus seule du monde mais aussi la plus malade.
La liste des problèmes
physiques et psychiques dont Lolita souffre est considérable. Voici un extrait des conclusions
des experts sur la santé de Lolita après avoir étudié ses conditions de vie:
D’après le Dr. Pedro Javier
Gallego, vétérinaire et cofondateur de l’association de biologie marine Odyssea,
« [Lolita] est atteinte d’une pathologie de l’oeil appellée ptérygion.
Cette maladie est due à une exposition excessive aux rayons UV. Elle entraîne
une gêne oculaire et peut être à l’origine d’une altération importante des
facultés visuelles ». Il cite notamment le manque d’ombre dans le bassin
de Lolita comme facteur déterminant de la maladie.
Lolita ne peut se protéger de
la lumière directe du soleil, et elle arrive au point qu’elle ne voit
quasiment plus rien.Reyes a également déclaré que
l’état de santé de Lolita était précaire. Elle développe des infections à
répétition et ses fonctions rénales sont défaillantes… Les traitements médicamenteux
qu’elle reçoit fréquemment ont eu des impacts néfastes sur son foie et ses
reins. »
Un autre expert s’accorde sur
l’état de santé de l’orque. « Lolita semble être sous traitement en
permanence, alternant gouttes pour les yeux, antibiotiques et antidouleurs très
puissants », rapporte Maddelena Bearzi, présidente de l’ONG Ocean Conservation Society. « En
2015 seulement, il ne s’est pas passé un seul jour sans que Lolita n’ait reçu
de traitement… Les orques en milieu naturel n’ont pas besoin qu’on leur
administre des médicaments et leur espérance de vie est supérieure à leurs
congénères captifs. »
L’état psychique de Lolita
n’est d’ailleurs pas meilleur. D’après l’ancien dresseur de SeaWorld, John Hargrove, « Le
dossier de Lolita révèle que son comportement est nettement moins développé que
toutes les orques avec lesquelles j’ai travaillé. »
Lolita montre des signes de
stress, de frustration et d’ennui comme les balancements de tête ou les
claquements de mâchoires, qui ont d’ailleurs endommagé les dents de Lolita (elles
sont complètement élimées et ont été forées plus d’une douzaine de fois pour
éviter les infections). Ce comportement met en danger tous ceux qui approchent
Lolita, déclare John Hargrove. « Quand un animal, et en particulier une
orque, se retrouve dans un tel état physique et psychologique, le risque d’agression
devient très élevé, » commente-t-il.
« Le bassin de Lolita est
si petit, que lorsqu’elle se met à la verticale pour sortir sa tête de l’eau,
sa nageoire caudale touche le fond du bassin », a observé Ingrid Visser, experte
des orques pour le Orca Research Trust,
« de la même manière qu’une personne qui cherche à voir plus loin se met
sur la pointe des pieds ». Un tel acte n’a jamais été rapporté dans la
nature," mentionne Visser.
Lolita partage également son
enclos avec des dauphins qui la brutalisent constamment, écorchant sa peau avec
leurs dents.
Selon l’ONG PETA, en position de plaignant dans le procès
qui les oppose au Miami Seaquarium sur les conditions de vie de Lolita, le parc
a dissimulé des preuves évidentes de souffrances physiques et psychiques de
Lolita. « PETA fait tout son possible pour mettre fin aux souffrances de
l’orque et la transférer dans un sanctuaire marin, » a déclaré Tracy
Reiman, vice-présidente de PETA, dans un communiqué de presse fourni par The
Dodo, « où elle pourra enfin sentir les courants marins, nager librement
et entendre les appels de ses congénères. »
Le Miami Seaquarium n’a pas
souhaité répondre aux questions de The Dodo.
Traduction: Julie Labille