ELLE n' a pas vu ni entendu d'autre orque depuis
1980, date à laquelle Hugo, son compagnon d'infortune, s'est suicidé en se
cognant la tête contre un mur de leur bassin à Miami, en Floride.
Un article de Jane Warren, publié le 24 avril 2016 sur le site du Daily Express
Traduction: Vox Delphini
Traduction: Vox Delphini
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Lolita n'a pas eu de contact avec une autre orque depuis 1980. Crédit Photo: Getty |
Cela fait 46 ans qu’une orque nommée Lolita, la
plus vieille orque captive encore en vie, vit dans le bassin le plus petit et
le plus vieux des États-Unis. En 1970, l'orque fut enlevée à sa famille après
avoir été capturée sur la côte nord-ouest des Etats-Unis. Elle fut arrachée à
l'océan pour être entraînée et exposée au public dans un bassin de la taille
d'une piscine.
Elle y vit toujours depuis, exécutant des tours quotidiennement pour les
touristes, sans pouvoir s’accorder le moindre comportement naturel. Quand elle
ne participe pas à un spectacle, Lolita flotte dans son bassin, sans but.
Dans la nature, les orques parcourent une centaine
de kilomètres par jour, et plongent jusqu'à 150 mètres de profondeur. Dans son
bassin, cette créature de 6 mètres nage
dans un périmètre de 10 mètres et elle ne peut plonger qu'à 6 mètres de
profondeur dans une petite partie située au centre du bassin.
Le Dr. Ingrid Visser,
biologiste marine renommée, explique : « Je connais très exactement
les dimensions du bassin ainsi que la taille de Lolita, mais on ne peut se
rendre réellement compte de la taille ridiculement petite de ce bassin que
lorsqu'on voit l'orque y évoluer. Il est difficile de voir que Lolita ne peut
pas se déplacer et de la voir confinée dans ce minuscule cylindre bleu. »
Un peu plus tôt ce mois-ci, une étude a été publiée dans laquelle 86 %
des touristes Britanniques affirment ne pas vouloir visiter de parc marin
pendant leurs vacances à l’étranger (il n'y
a plus de dauphins ou d'orques en captivité au Royaume-Uni).
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Le bassin de Lolita est le plus petit et le plus vieux des Etats-Unis. Crédit photo: Alamy |
Mais les propriétaires du Miami Seaquarium où
vit Lolita sont britanniques. Le parc a été acheté en 2014 par Arle Capital, un
fonds d'investissement basé à Londres, qui possède désormais le groupe espagnol
spécialisé dans le divertissement se trouvant derrière l'aquarium.
Le mois prochain, cependant, Lolita fera
l'objet d'une action en justice intentée par des groupes de défense des droits
des animaux qui veulent sa libération dans un sanctuaire en mer. L'idée est
qu'elle soit transférée dans une crique isolée d'environ 275 m de large et
fermée par des filets, dans le but de lui donner l'expérience de l'océan, mais sur
une petite échelle afin qu'elle ne soit pas effrayée.
Ce transfert permettrait à Lolita de vivre dans
un environnement avec des fonds rocheux, des cailloux, des algues marines ainsi
que les courants et les vagues avec lesquels elle interagirait dans la nature.
Elle pourrait également attraper à nouveau des poissons vivants.
« C'est un plan très solide pour l'aider à prendre sa retraite », affirme le Dr Visser.
« C'est un plan très solide pour l'aider à prendre sa retraite », affirme le Dr Visser.
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Les propriétaires du Seaquarium sont britanniques. Crédit photo: Getty |
Les orques sont les plus grands membres de la
famille des dauphins et ont un cerveau cinq fois plus grand que le nôtre. Dans
la nature, ils vivent au sein de sociétés matriarcales complexes et sont des
chasseurs aux techniques sophistiquées. Mais ses propriétaires affirment que
libérer Lolita dans l'océan pourrait la tuer.
« Ce serait une expérience imprudente et
cruelle qui lui ferait vivre un transport traumatisant et pourrait mettre sa
vie en péril », affirme un porte-parole d'Arle.
La société souligne que chaque année plus de 5
000 écoliers et 600 000 autres clients visitent le Miami Seaquarium pour voir
et en apprendre davantage sur Lolita. « Nous pensons que cette expérience
éducative remarquable permet de sensibiliser et de faire apprécier au public
les orques et la vie marine en général », ajoute le porte-parole.
Un argument que les défenseurs de
l'environnement contredisent avec force.
« Lorsque l’on observe une orque dans la nature et une orque en captivité , la différence est énorme. Ils disent que c'est à des fins éducatives, mais je ne vois pas en quoi c'est éducatif, » explique le Dr Visser.
« Si c’était vraiment
le cas, pourquoi garder ces animaux en captivité, aujourd’hui
encore ? » poursuit-elle. « Nous sommes la génération qui a
grandi alors qu’ils étaient enfermés là. A présent, ne sommes-nous pas
suffisamment éduqués pour vouloir fermer ces parcs ? »
« Le fait qu’elle soit
prisonnière dans cet environnement depuis si longtemps est tout simplement
tragique. »
Lolita est la seule survivante des rafles qui ont eu lieu à Puget
Sound. Le 8 août 1970, Lolita et son pod composé d’une centaine d’orques
nageaient paisiblement au large de l’état de Washington lorsqu’ils furent
attaqués et encerclés par des hors-bords.
En lâchant des explosifs dans l’eau pour les désorienter, les
rabatteurs qui les pourchassaient forcèrent les orques à entrer dans la baie de
Penn Cove avant de les attraper avec des filets. Les mères furent relâchées
mais refusèrent de quitter leur progéniture. Les habitants du coin ont décrit
l’atmosphère lourde et emplie des cris similaires à des pleurs humains, et ce
jusqu’à ce que le dernier petit soit tiré hors de l’eau.
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Le cerveau des orques est cinq fois plus gros que le nôtre. Crédit photo: Getty |
Un adulte et quatre bébés furent tués pendant la capture. Leurs
corps furent lestés avec des pierres pour tenter de cacher ces morts au public.
Lolita avait 4 ans lorsqu’elle vit sa mère pour la dernière fois, mais les
experts pensent que si on l’emmenait dans la réserve marine, elle pourrait
retrouver Ocean Sun, aujourd’hui âgée d’environ 90 ans et qui est photographiée
régulièrement par les scientifiques et les associations de protection de la
nature.
Une fois qu’elle aurait appris à manger du poisson vivant et à
suivre un bateau (qui serait utilisé pour emmener Lolita en dehors de son
enclos) les efforts se porteraient sur le fait de la réintroduire dans sa
famille, l’une des populations d’orques les plus étudiées dans le monde.
Selon The Centre for Whale Research (le Centre de la Recherche
sur les Baleines) et Orca Network qui a conçu le projet, c’est ce point qui
rend le plan de réhabilitation de Lolita si solide : elle a une famille à
rejoindre. Si toutefois elle n’est pas prête à être relâchée dans l’océan, elle
pourrait rester dans la baie indéfiniment.
« Autrement, la seule façon dont Lolita prendra sa retraite
sera en mourant, » insiste le Dr Visser.
Lire aussi: Des Nouvelles du Procès de Lolita
Pétition de la PETA à signer pour Lolita: ICI